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Prise très au sérieux par le milieu des affaires, la jeune pousse munichoise Lilium promet la création d'un taxi volant de 5 places à décollage et atterrissage vertical pour se déplacer en ville... et un peu plus loin.
Trente-six moteurs qui se dressent à la verticale pour le décollage, reprennent leur position horizontale en vol, puis se retournent à nouveau pour le décollage, le tout propulsé par des batteries électriques pendant 300 kilomètres à une vitesse de 300 km/h au maximum. Ces taxis volants aux statistiques impressionnantes seraient, en outre, accessibles pour le prix d’une course en voiture et via une application. Une utopie ? Pas pour Lilium, une start-up munichoise qui ne cesse de faire parler d’elle, débauche chez les plus grands groupes et attire les investisseurs les plus sérieux.
Des bureaux d’un incubateur au ciel munichois
En 2015, au cœur de l’incubateur développé par l’Agence Spatiale Européenne en Bavière, quatre diplômés de la Technical University Munich démarrent leur projet fou, certes, mais d’actualité : un taxi électrique volant dont le décollage et l’atterrissage à la verticale permettrait de limiter les infrastructures liées à son installation. Daniel Wiegand, Sebastian Born, Patrick Nathen et Mathias Meiner viennent de créer Lilium.
La petite start-up ne mettra pas longtemps à attirer l’attention des investisseurs. Fin 2016, alors que les quatre fondateurs dirigent désormais une équipe de 35 salariés, Lilium récolte 10 millions d’euros à l’occasion d’une première levée de fonds. Ces premières billes, c’est Atomico qui les place. Un fonds d’investissement creé par Niklas Zennström (co-fondateur de Skype). Du sérieux donc.
Avec cette somme, Lilium arrive à débaucher Meggy Sailer chez Tesla pour prendre en charge son recrutement. Une pointure qui a participé à l’expansion du constructeur américain de 200 à 13 000 salariés. L’objectif ? Recruter des talents, que seule une habituée de l’industrie automobile et aéronautique peut repérer.
Les 10 millions d’Atomico ont également servi au développement du premier prototype. Une version « miniature » de deux places seulement, qui a pris son envol au printemps 2017, et a fait étalage de sa technologie révolutionnaire de Vertical Take-Off and Landing « une première mondiale » selon le CEO Daniel Wiegand. Ses économies d’énergie permettent d’imaginer un lancement concret, plus vite que prévu.
Lilium dans la cour des grands ?
Une prouesse qui achève de convaincre les talents et les investisseurs. Ainsi, Remo Gerber, ancien de la plateforme de mise en relation clients/taxi américaine Gett et Dirk Gebser, qui dirigeait l’assemblage des Airbus A380 et A320 rejoignent l’aventure, respectivement pour développer l’offre commerciale de Lilium, et imaginer la production en série des jets.
Toujours en 2017, Atomico, accompagnée de Tencent, LGT et Obvious Ventures (l’un de ses fondateurs n’est autre que Ev Williams, ancien CEO de Twitter), injectent 90 millions de dollars dans l’entreprise. Un deuxième levée de fonds dont l’objectif est clair : financer le développement du premier « vrai » modèle produit par Lilium, un jet de 5 places.
Encore une fois, cela commence par un recrutement de poids. C’est Frank Stephenson, designer automobile américain, qui vient se greffer au projet, en mai dernier. On lui doit la BMW X5, la nouvelle Mini, la Maserati MC12 et la McLaren P1, entre autres. Au printemps 2018 il est devenu le nouveau Head of Design de Lilium avec pour mission de réaliser le meilleur appareil possible et recruter une équipe entière de designers qui viendront s’ajouter à la centaine d’employés de la start-up.
Depuis, les embauches se succèdent, d’anciens de chez Audi, Airbus ou… Atomico, ont rejoint le board de l’entreprise munichoise avant, dans quelques mois, une potentielle troisième levée de fonds, beaucoup plus conséquente. Il reste pourtant de nombreuses questions en suspens.
D’abord, aucune date de test pour le jet 5 places n’est encore annoncée. Le lancement de la production est encore loin. Si chaque levée de fonds est l’occasion pour Lilium de donner un grand coup d’accélérateur à ses projets, le plus dur est à venir et la start-up est encore loin de voir fleurir des stations à son nom dans les plus grandes villes du monde.
Ensuite, si la promesse d’un vol Manhattan – JFK en 5 minutes pour le prix d’une course en taxi est réalisable, celle d’un Paris – Londres en une heure reste utopique. Les réglementations (on ne vole pas comme on veut), les frontières, ainsi que les limites techniques des véhicules électriques semblent encore trop tenaces pour Lilium. A suivre…
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