Horlogerie
Ils créent des objets, du mobilier, des résidences privées, des hôtels, des restaurants, des boutiques, des bateaux… chacun avec sa personnalité, sa poésie, sa radicalité aussi. Portraits de trois signatures marquantes du design espagnol, connues à l’échelle internationale, et que les plus grandes marques s’arrachent.
• Patricia Urquiola, l’incontournable. C’est l’une des figures les plus marquantes du design espagnol, même si son parcours la rapproche davantage de l’Italie, puisqu’elle vit et travaille à Milan depuis plus de vingt ans. La multitude de réalisations, aussi bien en design qu’en architecture dont elle est l’auteur donne le vertige. Mobiliers, objets, hôtels… elle a laissé son empreinte partout dans le monde. Originaire d’Oviedo, dans les Asturies, Patricia Urquiola fait ses études d’architecture à l’université polytechnique de Madrid, puis à l’Ecole polytechnique de Milan dont elle sort diplômée en 1989. Elle y a comme professeur Achille Castiglioni et Eugenio Bettinelli, dont elle devient l’assistante à Milan et à Paris. De 1990 à 1996, elle travaille pour Da Padova, et réalise ses premiers showrooms et restaurants. De 1996 à 2000, on lui confie le département design de l’agence de Piero Lissoni. En 2001, elle ouvre sa propre agence, à Milan. Et les commandes pleuvent : Moroso, B & B Italia, Agape, Nilufar, Kettal, Kartell… Maniant tout cela avec philosophie sans jamais se laisser déborder, elle décore ensuite des palaces : le Mandarin Oriental de Barcelone, le spa du Four Seasons de Milan, l’hôtel W de Vieques, à Porto Rico, etc. Récompensée par de nombreux prix (Red Dot Award, Chicago Athenaeum Good Design Award…), élue designer de l’année par les magazines Wallpaper, AD Spain, Elle Déco, Architektur und Wohnen, nommée ambassadrice de la foire de Milan en 2015… son travail est déjà exposé dans les musées du monde entier. www.patriciaurquiola.com
• Jaime Hayón, la météorite. Designer, architecte d’intérieur, artiste, poète, clown… Jaime Hayón possède un talent éclectique et donne du génie, de la fantaisie, de la vie à tout ce qu’il touche : objets, meubles, chaussures, montres, architecture intérieure de boutiques, d’hôtels, de restaurants. Il y a de la couleur dans tout ce qu’il fait, de l’humour, de la dérision, mais aussi un savoir‑faire, des références, des inspirations multiples et une passion égale pour le design, l’artisanat d’art et l’art tout court. Autant l’avouer : nous sommes fans. Sa philosophie ? Un joyeux melting‑pot entre surréalisme, bande dessinée, Movida madrilène et design scandinave. Après des études de design industriel à Madrid, puis à Paris, il rejoint, en 1997, la Fabrica (centre de recherche dans la communication et le design faisant partie du groupe Benetton), dont il dirige le pôle design. Il lance sa carrière solo à 29 ans, en 2003. L’exposition Mediterranean Digital Baroque, organisée à la galerie David Gill, à Londres, sera la première d’une longue série : Vivid Gallery, à Rotterdam, le musée MAK, à Vienne, le musée de Groningue, aux Pays-Bas, le Walter Art Center, à Minneapolis, le Centre Pompidou ou encore Art Basel. Ses créations figurent dans les plus belles collections privées, les institutions les plus prestigieuses et les musées du monde entier. Côté grandes maisons d’édition, il cartonne, naturellement : Baccarat, pour lequel il dessine en 2009 Crystal Set, Candy et Candy Light ; Swarovski ; les porcelaines Choemon, au Japon ; Bosa Cheramiche, à Trévise, Lladró… Mais aussi du mobilier pour Fritz Hansen, Magis, Established & Sons à Londres, BD Barcelona, Moooi ; des pâtes de verre pour l’italien Bisazza… Un seau à champagne pour Piper‑Heidsieck, des tapis pour The Rug Company, des montres en éditions limitées pour sa propre marque manufacturée en Suisse, Orolog. Il semble n’avoir qu’un seul credo : rendre le luxe plus drôle, plus accessible, plus contemporain. www.hayonstudio.com
• Eugeni Quitllet, l’étoile montante. Disoñador (contraction, en castillan, de « designer » et « rêveur »), Eugeni Quitllet navigue depuis ses débuts au cœur de joyeux paradoxes, Gaudí et Mies Van der Rohe, la fonctionnalité et la poésie, le design et la sculpture. Lui, le natif d’Ibiza, cultive ce goût pour les contraires. Parmi ses créations, de plus en plus médiatisées, qui diffusent chacune une vision philosophico‑onirique du monde, figurent maints best-sellers. Telle la chaise Tabu, qu’il a dessinée pour la marque de design italienne Alias, remarquée lors du Salon de Milan, en 2014. L’année suivante, il présente la chaise Tube, une structure tubulaire inspirée du modernisme du XXe siècle, éditée par la marque espagnole Mobles 114, ainsi que la chaise Dream Air, éditée par Kartell. « Dream Air est comme un foulard dans le vent, dit-il. C’est un simple cadre pour capturer la beauté de la courbe d’un corps assis dans le vide. » Même évocation de la légèreté avec la chaise Cloud-io et le vase Vas-O, édités également par la marque italienne. Il se penche aussi sur l’outdoor en concevant, pour la marque espagnole Vondom, la ligne de sièges Ibiza connectés via Bluetooth, « un peu comme ces coquillages que l’on colle près de l’oreille pour écouter la mer », dit-il. Vondom, pour laquelle il a également dessiné les séries de sièges Love, Africa New ou Brooklyn, présentés au dernier Salon de Milan. Pour le fun, il a couché sur papier la silhouette du hors‑bord Dune, un prototype au coût faramineux s’il était construit, une splendeur en termes de lignes et de fonctionnalité. www.eugeniquitllet.com
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