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C’est l’une des manufactures suisses les plus prestigieuses. Vacheron Constantin est également la plus ancienne encore en activité. Alors, comment ce monument horloger se conjugue-t-il au présent ?
« Faire mieux si possible, ce qui est toujours possible », telle est la devise de Vacheron Constantin. Un mantra qui impose à cette manufacture suisse de viser un niveau de prestige et de qualité largement supérieur à la moyenne. Aujourd’hui, tous les garde-temps qu’elle fabrique respectent les critères très sélectifs du poinçon de Genève, gage de précision et de fiabilité.
Peu importe que l’élaboration d’une montre selon ce label impose 40 % de temps de fabrication en plus. L’enseigne s’astreint à cette discipline par respect pour son ADN. Elle réalise toutefois plus de 30 000 montres de prestige chaque année (estimation), beaucoup plus qu’en 1996, avant son rachat par le puissant groupe Richemont. C’est donc le géant du luxe qui a donné à la manufacture les moyens de sa croissance.
Vacheron Constantin, artisanat horloger
L’exigence de qualité de Vacheron Constantin limite toutefois les volumes. La fabrication inclut en effet près de 90 % d’interventions manuelles. Toute la difficulté pour la maison consiste donc à dénicher la main-d’oeuvre adaptée. Sachant qu’il faut compter entre quinze et dix-sept ans de formation pour qu’un horloger maîtrise parfaitement l’art des grandes complications, la spécialité maison…
Chronologie
• 1755 : Jean-Marc Vacheron, jeune maître horloger de 24 ans, fonde la firme à Genève.
• 1790 : première complication maison, une montre de gousset à calendrier.
• 1810 : premières exportations vers la France et l’Italie.
• 1819 : Jacques-Barthélémi Vacheron, petit-fils du fondateur, s’allie avec l’homme d’affaires François Constantin. Ce dernier trouve la devise de la manufacture.
• 1832 : ouverture d’une boutique à New York.
• 1880 : adoption du logo en forme de croix de Malte.
• 1906 : ouverture de la boutique historique quai de l’Ile, à Genève.
• 1996 : rachat par le groupe Richemont.
• 2004 : nouveau siège social à Plan‑les‑Ouates, près de Genève. Un bâtiment signé par Bernard Tschumi.
• 2006 : création de l’atelier des Cabinotiers, commande spéciale de montres uniques sur mesure.
• 2007 : la marque devient mécène de l’Opéra de Paris ; une gigantesque horloge de 7 m de long est installée dans le hall de l’Opéra Bastille.
• 2013 : inauguration d’une nouvelle manufacture de fabrication
Un cursus plus long, en somme, que celui d’un futur chirurgien. Et la longue tradition de la manufacture pour les métiers d’art ne simplifie pas la tâche. « Dès les premières années de la société, au milieu du XVIIIe siècle, nous avons uni l’art horloger aux métiers de la décoration, comme le sertissage, le guillochage, l’émaillage et la gravure. Ils font partie intégrante de notre histoire », se félicite Christian Selmoni, directeur du style et du patrimoine.
Le patrimoine pour inspiration
« Nos montres s’habillent d’un style classique et extrêmement élégant. Même si chaque collection dispose de sa propre signature esthétique. Pourtant, nuance notre interlocuteur, on peut aussi trouver un petit côté “twisté” à nos créations. C’est le cas de notre montre Historiques American 1921, avec sa couronne à une heure et son cadran décalé. » La marque puise clairement aujourd’hui son inspiration dans son incroyable patrimoine. « Nous avons la chance unique de disposer d’une immense base de données, sous forme d’archives, de dessins, de photos et des exemplaires anciens qui remontent aux tout débuts, se félicite le directeur du style. La difficulté consiste à créer des montres contemporaines qui respectent l’esprit de cette maison multiséculaire. Notre démarche ne consiste pas seulement à reproduire un modèle du passé, mais à le revisiter. Nous recherchons l’équilibre permanent », ajoute Christian Selmoni.
La Fixtysix marie passé et présent
« C’est la montre 6073 de 1956 qui nous a servi de modèle. La nouvelle collection Fixtysix lancée au dernier Salon international de la haute horlogerie présente plusieurs caractéristiques intéressantes : des attaches évoquant chacune le quart d’une croix de Malte (le symbole maison), une glace “à talon” qui vient rehausser le boîtier, un mouvement automatique avec seconde au centre… Ces éléments ont été réinterprétés dans un style moderne », décrypte le responsable.
Le cadran s’habille encore de chiffres arabes typés fifties. Le résultat d’ensemble est une collection résolument moderne, mais qui conserve cependant un caractère classique mâtiné de vintage. Au final, la nouvelle Fiftysix applique parfaitement la formule d’Alain-Dominique Perrin, l’ancien président de Cartier : « Il faut créer, mais sans détruire le patrimoine. » C’est dit.
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