Culture
La Flandre, qui a pris le leadership économique du pays, a raflé au passage celui de la culture. Les milieux de la mode, de la danse et de l’art contemporain regorgent de stars flamandes.
A quelques kilomètres d’Anvers, l’antiquaire et architecte d’intérieur Axel Vervoordt a inauguré, en novembre dernier, un complexe artistique unique en Europe. Le long du canal Albert, il a racheté tout un quartier, 55 000 m² où se déploient quatre immenses espaces d’exposition. Les lieux, un surprenant collage de bâtiments de briques, d’édifices en béton et d’anciens silos à grains, abritent des installations permanentes de James Turrell et d’Anish Kapoor. Ils accueillent aussi des appartements de luxe, des bureaux, un auditorium et… une supérette bio.
Baptisé Kanaal, ce complexe en dit long sur la force de frappe de la Flandre qui a pris le leadership économique du pays, en raflant au passage celui de la culture. Les milieux de la mode, de la danse et de l’art contemporain regorgent de stars flamandes : Raf Simons, Dries Van Noten, Wim Vandekeybus, Alain Platel, Wim Delvoye, Berlinde de Bruycker…
De fait, les Flamands ont créé, en l’espace de trente ans, des musées dont les collections et les expositions de haute tenue attirent des visiteurs de toute l’Europe. A Gand, le SMAK a été le premier musée d’art contemporain de Belgique, porté par la figure flamboyante de son directeur Jan Hoet.
La Flandre regarde vers l’avant
Il a été rejoint, en 1968, par le musée Dhondt-Dhaenens (MDD), une institution financée par des amateurs d’art fortunés. A Anvers, le musée d’art contemporain M HKA, créé en 1987, a annoncé tout récemment qu’il allait déménager dans un nouvel édifice construit dans le quartier de l’Ecluse du Sud. « La population flamande, autrefois paysanne, a longtemps été snobée par la bourgeoisie francophone. Ils vivent aujourd’hui une revanche. Ils n’ont pas cherché à se créer une identité par rapport à la culture classique. Ils ont investi dans le monde contemporain, sans référence au passé », note Sébastien Janssen dont la galerie Sorry We’re Closed, au cœur de Bruxelles, est elle-même défricheuse.
La Fondation Herbert, à Gand, abonde en œuvres d’art conceptuel des années 60-70. « Anton Herbert s’est intéressé à cet art pionnier au moment où il commençait tout juste à s’affirmer aux Etats-Unis. Il allait voir des pièces à la Wide White Space Gallery, à Anvers, qui était l’une des rares, à l’époque, à proposer des œuvres de Carl Andre ou de Dan Flavin », se souvient Albert Baronian.
Aujourd’hui, l’une des plus grandes collections flamandes se trouve à Ostende et appartient à Mark Vanmoerkerke. Centrée sur les scènes allemande et américaine (Andreas Gursky, Ed Ruscha, Bernd et Hilla Becher, Gerhard Richter…), elle est logée dans un gigantesque ancien hangar pour pièces d’avion. Et la galerie ne cesse de s’enrichir, l’homme d’affaires achetant une œuvre par jour…