The Good Business
La firme fondée par le designer danois Jens Martin Skibsted fête ses 20 ans. L’occasion de brosser le portrait de Biomega, un acteur à part dans le monde du cycle.
Jens Martin Skibsted tombe amoureux de l’architecture moderniste lors d’un voyage à Barcelone au début des années 90. Une passion qui s’ajoute à celle qui l’anime pour les villes et leurs recoins. Son métier ? Designer. Rien de tout cela ne pouvait, à l’époque, le rapprocher du vélo… Pourtant, le Danois réalise des dizaines de croquis de biclous – dont certains sont exposés au Designmuseum Danmark de Copenhague et au MoMA de New York – jusqu’à sauter le pas, en 1998, lorsqu’il fonde Biomega.
« Je voulais des vélos urbains dont le design serait central lors de la conception, qui pourraient se battre à armes égales avec les automobiles dont les lignes sont très affirmées, confie Skibsted, les bicyclettes, à l’époque, n’étaient que des assemblages de pièces fabriquées par de multiples constructeurs, ou des machines de courses, je voulais participer à la démocratisation des beaux vélos. » Premier designer de renom à rejoindre l’aventure, Marc Newson, dont le fondateur de Biomega est un admirateur. Il crée, au début des années 2000, les deux premiers modèles de la marque, les MN01 et MN02. S’en suit un partenariat avec le géant des équipements sportifs, Puma, avec qui Biomega créera trois vélos.
Puis, en 2009, à force de travailler avec les agences du starchitecte Bjarke Ingels (BIG) et de Lars Larsen (Kilo), Skibsted leur propose de monter leur studio commun, KiBiSi. Un brelan de designers dont l’activité principale en groupe est la conception des vélos Biomega. « Ce que l’on fait à KiBiSi, on l’imagine ensemble, il n’y a pas de rôles attitrés à chacun, explique le fondateur du studio Skibsted Ideation, mais chacun a conservé ses studios respectifs pour continuer à exprimer ses identités propres… Comme un boys band en fait ! (rires) »
Les créatifs conçoivent ensemble les modèles NYC/New York – le best-seller – et OKO/Tokyo, premier vélo électrique de la marque, sorti en 2016. En septembre dernier, le AMS/Amsterdam dessiné par Skibsted au début de l’aventure, a été réédité en version électrique. Ils sont aidés, lors de la création des bicyclettes par Beatrice Santiccioli, ancienne « experte couleur » d’Apple, un autre chantre du design minimaliste et fonctionnel.
Biomega, le design scandinave originel ?
Le design danois, c’est « le » point fort de cette marque distribuée dans 20 pays. Tout en faisant appel à des intervenants californiens ou, comme Marc Newson, australiens, Biomega tient à son identité scandinave. Ceux qui collaborent avec elle savent à quoi s’en tenir. Une appellation d’origine contrôlée que Skibsted défend bec et ongles : « Le design scandinave peut, parfois, devenir sa propre caricature en pataugeant dans un minimalisme extrême et sans vie, Biomega préfère le minimalisme organique, plus proche du design mobilier d’Europe du Nord à son apogée ».
Le vélo Biomega est un meuble mouvant, en somme. « Nous nous sommes inspirés de l’architecture d’intérieur pour faire de nos engins des meubles qui s’intègrent aux villes, comme des objets de décoration, confirme Skibsted, avant de préciser que, les villes sont, à [ses] yeux, de grands intérieurs, à la déco ration incohérente, auxquelles [ses]vélos viennent apporter un peu d’harmonie. » Rien que ça !
Les ambitions d’innovation urbaine, de transformation de la mobilité, d’amélioration du design industriel et fonctionnel de Jens Martin Skibsted ne semblent pas calmées, malgré un passage réussi à l’électrique. Il confirme que de nouveaux modèles sont en préparations, mais pas seulement. KiBiSi imagine d’autres objets qui pourraient garnir le portfolio de la marque, voire d’autres moyens de transport. Biomega est bien partie pour durer 20 ans (minimum) de plus !
La boutique Biomega
Østerbrogade 78, Copenhague.
www.biomega.com
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