Culture
Avec ses bureaux à Berlin, Bangkok, Hong-Kong et Pékin, en moins de dix ans, l'agence de l'architecte allemand s'est forgée une solide réputation grâce à une approche aussi singulière qu'innovante.
Depuis qu’il a quitté OMA, l’agence néerlandaise de Rem Koolhaas, Ole Scheeren ne cesse de ponctuer l’Asie de ses architectures monumentales. Dernières en date, les tours Duo de Singapour, inaugurées en mars dernier en présence du premier ministre et de son homologue malaisien. Conçues comme un geste de réconciliation entre les deux états, elles ouvrent une nouvelle ère de collaboration entre ces deux territoires indépendants depuis 1965, impliqués dans le financement du projet.
Un enjeu politique, auquel l’architecte allemand a choisi de répondre par un nouveau « noyau de citoyenneté », mêlant logements, bureaux, commerces et le dernier hôtel du groupe Andaz. Sculptés dans la masse, leurs volumes concaves dessinent une nouvelle place pour tisser un lien entre les deux tours et l’urbanisme disparate du voisinage. Une attention portée au contexte, en rupture avec les habituels gratte-ciels dénués de toutes relations avec l’espace public, dont le quarantenaire s’est fait une spécialité depuis l’ouverture en 2010 de son agence qui compte aujourd’hui des bureaux à Berlin, Bangkok, Hong-Kong et Pékin.
Ole Scheeren, une recherche perpetuelle
L’architecte affirme d’être constamment en quête « de nouvelles possibilités pour réaliser des solutions inattendues car l’architecture doit connecter les gens qui y vivent ». Comme avec le projet Interlace, également implanté à Singapour depuis 2013. Hauts de six étages, ses 31 blocs de logements s’articulent dans un savant dosage de porte-à-faux pour dessiner des terrasses et jardins aux qualités variées, dans un ensemble pourtant homogène et continu. Inédit, ce « village vertical » lui vaut de remporter en 2015 le prix du World Building of the Year, généralement comparé aux oscars de l’architecture.
Un goût pour l’expérimentation certainement hérité de son expérience chez OMA, où il supervisait à l’époque la construction du siège de la Télévision centrale de Chine. Impressionnante boucle de verre et d’acier, le CCTV vise à supprimer la hiérarchie des niveaux inhérente aux tours.
Un défi d’ingénierie au cœur de Pékin, là même où il vient de signer le Guardian Art Center ; un établissement culturel hybride agrémenté de plusieurs restaurants et d’un hôtel de 120 chambres. Un mariage assumé entre commerce et culture.
De Bangkok à Hô-Chi-Minh-Ville, des façades pixellisées du MahaNakhon aux futurs paysages organiques d’Empire City, Ole Scheeren profite du bouleversement démographique et urbain de son continent d’adoption pour s’approprier et réinventer les typologies architecturales héritées du XXe siècle. Une démarche tournée vers l’avenir, qui s’oriente peu à peu vers l’Occident avec de prochaines réalisations déjà attendues à Francfort et Vancouver.
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