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Toutes les montres de haute horlogerie ne viennent pas forcément du Haut-Jura suisse. La Lange 31, par exemple, a été imaginée et assemblée en Allemagne. Retour sur une Luxusmarke en plein essor... qui fabrique quelques-unes des montres les plus chic du monde.
La marque A. Lange & Söhne a connu bien des vicissitudes. Normal, quand on est implanté à Glashütte, un village situé à proximité de Dresde. Les bouleversements géopolitiques qu’a connus la région ont rythmé la vie de la manufacture. La Saxe a fait, notamment, un long passage de l’autre côté du rideau de fer. En 1948, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le régime communiste qui a pris les commandes de la République démocratique allemande (RDA) nationalise à tout-va. La marque horlogère la plus prestigieuse du pays va, dès lors, sombrer dans une léthargie mortifère. Une quarantaine d’années plus tard, quand le mur tombe, seuls quelques collectionneurs se souviennent encore de la belle endormie. Walter Lange se la rappelle également. C’est en effet son arrière-grand-père Ferdinand Adolph Lange, le « A » de la marque, qui crée l’entreprise en 1845. A l’époque, la localité est sinistrée. Les mines, victimes d’une surexploitation endémique, sont exsangues. Touché par la misère de la population, l’entreprenant aïeul s’installe à Glashütte. En quelques décennies, il fait de la petite ville la capitale horlogère de l’Allemagne.
A. Lange & Söhne : l’heure de la relance a sonné
En 1990, le mur est à peine tombé que Walter Lange (décédé en janvier 2017) relance la manufacture. Visionnaire, l’héritier a de l’ambition. Il décide de positionner sa marque sur le secteur de l’ultraluxe, et veut, pour cela, concevoir les « meilleures montres du monde », rien de moins. Dès lors, A. Lange & Söhne choisit de ne fabriquer que des pièces en or ou en platine, et de créer ses propres mouvements. Une fois testés et essayés, ces derniers sont démontés et décorés, avant d’être montés une seconde fois. Le village de Glashütte emboîte alors le pas à l’enseigne renaissante et se positionne, lui aussi, sur le secteur de l’artisanat horloger de luxe. Ce bourg devient rapidement un nid de manufactures. Aujourd’hui, le long de la rue principale se côtoient aussi bien Glashütte Original, appartenant au Swatch Group, que Nomos ou encore Union Glashütte… Une concentration horlogère digne de celle du Jura suisse.
C’est reparti !
Cette politique haut de gamme permet de restaurer rapidement l’image de la marque. Les modèles Saxonia et Langematik ont déjà acquis le statut de grands classiques recherchés des collectionneurs. La Lange 31, sortie en 2007, complète le duo et représente à elle seule une véritable petite révolution. L’an passé, une nouvelle variante, référence 130.039, est apparue. Editée à seulement 100 exemplaires, elle revêt les codes classiques de cette série avec, notamment, une date sautante excentrée ou de fines aiguilles « lancette ». Son boîtier rond en or gris mesure 46 millimètres de diamètre et 16 d’épaisseur. Pour autant, cette Lange 31 fait preuve d’une grande élégance. Mais c’est bien son étonnant mouvement L034.1 qui en fait une pièce d’exception. Cette formidable mécanique dispose d’une réserve de marche d’un mois, quand la grande majorité des montres classiques résistent généralement entre 24 et 72 heures sans être remontées. La Lange 31 fonctionne, pour sa part, 744 heures d’affilée (soit 31 jours). Une vraie marathonienne ! Voilà pourquoi on retrouve le chiffre 31 inscrit en bout de course de son affichage de réserve de marche.
Ingéniosité technique hors pair
Pour décrocher ce record horloger, les ingénieurs ont cherché à ce que le balancier reçoive une énergie stable tout au long des 31 jours d’autonomie. Pour y parvenir, la marque a eu l’idée d’associer au dispositif initial un échappement à marche constante. Résultat, le nouvel ensemble bénéficie d’une grande régularité et d’une très bonne précision de fonctionnement. Cet extraordinaire mécanisme se remonte à l’aide d’une clé carrée indépendante. Un petit effort qu’il ne faudra réitérer qu’une fois tous les mois. On aurait presque envie que ce moment précieux revienne plus souvent.
Dates clés
• 1845 : Ferdinand Adolph Lange fonde la marque Lange, à Glashütte (Saxe), en Allemagne.
• 1868 : association avec son fils Richard – qui sera rejoint par son frère Emil, à la mort de leur père, en 1875. La manufacture devient A. Lange & Söhne (« Söhne » signifiant fils, au pluriel, en allemand).
• 1948 : nationalisation par le régime communiste de la RDA.
• 1989 : chute du mur de Berlin.
• 1990 : relance d’A. Lange & Söhne par Walter Lange, l’arrière-petit-fils
du fondateur.
• 2007 : naissance de la Lange 31, dotée d’un mouvement exceptionnel avec une réserve de marche d’un mois.
• 2017 : lancement de la Lange 31 référence 130.039, limitée à 100 exemplaires.
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