Culture
Insolite ou familier, l’univers de la création a cette incroyable faculté de détourner codes et références pour donner à penser.
Les expos du printemps à ne pas rater : à Paris mais aussi Lausanne et Bruxelles. Du design aux créateurs de mode, les rendez-vous sont variés.
Lausanne, armes fatales. Instruments de guerre, symboles de pouvoir, mais aussi mécanismes rutilants, beaux comme des jouets funestes, les armes à feu font l’objet d’une exposition détonnante au Mudac, à travers le prisme de 40 artistes. Entre le parterre de douilles de Raúl Martinez, qui ressemble à une moquette de luxe, et l’agrandissement photo d’une blessure par balle de Mat Collishaw qui évoque une fleur ouverte, entre le trône de Gonçalo Mabunda, fait d’un assemblage de pistolets, de douilles et de roquettes ayant servi durant la guerre civile au Mozambique, et le revolver-sèche-cheveux de Sylvie Fleury, il ne manque plus que la bande-son de Gainsbourg, Aux armes et cætera… Ligne de mire, Mudac, du 14 mars au 26 août. www.mudac.ch.
Bruxelles, tout est dans l’œuf. En 1968, il y a cinquante ans exactement, Peter Ghyczy a dessiné le Garden Egg, un fauteuil de jardin portable et léger en forme d’œuf, totalement imperméable une fois son dossier abaissé. A travers l’histoire de ce fauteuil d’extérieur, continûment réédité, l’Art & Design Atomium Museum (Adam) accueille la première exposition consacrée à Peter Ghyczy. Designer d’origine hongroise, installé aux Pays-Bas, il s’est fait connaître avec son œuf en polyuréthane, mais a très vite basculé vers du mobilier associant verre, métal ou bois, dans la grande tradition de la fonctionnalité du design nordique. Une belle redécouverte.
Peter Ghyczy. 50 Years of Functionalism,
Adam, Brussels Design Museum, du 7 février au 11 mars.
www.adamuseum.be.
Weil-am-Rhein architectes des nuits. En 2015, Rem Koolhaas avait élaboré un projet pour la boîte de nuit londonienne Ministry of Sound II : le bâtiment devait se métamorphoser, grâce à des façades coulissantes. On retrouve les esquisses de ce projet abandonné dans l’exposition que le Vitra Design Museum consacre à l’architecture et au design des night-clubs dans le monde, depuis les années 60. L’occasion de redécouvrir les Bains Douches, réaménagés à la fin des années 70 par un jeune inconnu nommé Philippe Starck, ou le Palladium de New York, conçu par Arata Isozaki, qui avait eu l’idée de commander des fresques à Keith Haring.
Night Fever. Designing Club Culture 1960-Today,
Vitra Design Museum, du 17 mars au 9 septembre.
www.design-museum.de.
Paris, Margiela assoit sa légende. Il ne donne pas d’interview, ne se laisse pas photographier, n’apparaît pas aux vernissages, mais, à sa façon, il n’a jamais été aussi présent, puisque deux expositions simultanées lui sont consacrées cette année : une rétrospective au palais Galliera et un retour sur ses années Hermès (de 1997 à 2003) au musée des Arts décoratifs. Le créateur belge Martin Margiela, qui s’est retiré du monde de la mode en 2009, reste fidèle à sa discrétion légendaire, lui qui a fait de l’anonymat l’une des caractéristiques de sa marque. Mais son influence reste majeure, au point qu’il est considéré comme l’une des personnalités les plus importantes de l’histoire de la mode, et qu’il est abondamment copié. Ces deux expositions rendent donc à César ce qui appartient à César, en faisant, chacune à sa façon, œuvre de décryptage. On ne sait plus quoi citer tant il a innové : ses défilés légendaires sur un terrain vague ou dans les couloirs d’une station de métro, ses volumes oversize, son utilisation du blanc de Meudon, ses vêtements aux étiquettes vierges, ses mélanges du luxe et du pauvre… De quoi alimenter sa légende pour un bon moment encore. Margiela / Galliera, 1989-2009, palais Galliera, du 3 mars au 15 juillet. www.palaisgalliera.paris.fr. / Martin Margiela, les années Hermès, musée des Arts décoratifs, du 22 mars au 2 septembre. www.madparis.fr.