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Voici une PME comme on en souhaiterait beaucoup plus en France. Innovantes, basées sur les technologies et le savoir-faire manuel, ses lampes éclairent hôtels, entreprises et même ambassades françaises de différents continents.
Il y a douze ans, sur le port de Sète et sous la lumière radieuse du ciel méditerranéen, Bénédicte et Jean-Baptiste Collod se lancent dans un pari fou : l’édition de luminaires. Ils ouvrent un showroom atelier où ils fabriquent et montrent leurs collections de lampes contemporaines sur mesure aux professionnels et aux particuliers. « Jean-Baptiste et moi sommes d’anciens cadres de grands groupes avec de solides compétences managériales, financières, techniques et juridiques, souligne Bénédicte. Lorsque Jean-Baptiste a été nommé dans le Sud, après avoir mûrement réfléchi, nous avons voulu prendre le risque de monter notre propre entreprise. »
Comme pour nombre d’entrepreneurs, c’est l’audace et le hasard qui font bien les choses. « Sète est un choix de plaisir pour les anciens Parisiens que nous sommes, mais aussi une ville où l’immobilier est beaucoup moins cher et où la surface des bâtiments facilite les questions de logistique. » La dimension opérationnelle est au cœur de la réflexion de Designheure. Avoir la main sur une fabrication 100 % française permet d’avoir en stock tous les modèles et de produire les commandes sur mesure dans des délais raisonnables, de deux à quatre semaines.
Si tout est dessiné et prototypé sur place, les collections sont confectionnées avec des partenaires français spécialistes de la fonderie, du bois plié, de la fabrication d’abat-jour… Les lampes arrivent ensuite à Sète pour être montées et assemblées dans les ateliers de Designheure. « Nous aimons beaucoup collaborer avec ces entreprises qui ont besoin d’être tirées vers le haut. Je considère vraiment notre rôle comme un trait d’union entre les entreprises et les designers », estime Bénédicte Collod, qui esquisse depuis les débuts de Designheure une ligne élégante, contemporaine et haut de gamme. « La rencontre avec les designers est rafraîchissante, mais nous leur fournissons un cahier des charges assez exigeant. Par exemple, nous plaçons systématiquement les matériaux au cœur de la création. Il faut jouer avec l’aspect cosy du textile et des couleurs qui sont des éléments décoratifs à part entière. »
La dernière conquête de Designheure : les Etats-Unis
Designheure s’attache également à développer des produits dotés d’une fonction supplémentaire. Par exemple, les modèles de la collection Mozaik, de Davide Oppizzi, sont à la fois des luminaires et des séparateurs d’espace. D’autres sont ultramodulables, c’est le cas de la ligne Nuage, d’Hervé Langlais (que l’on retrouve dans les boutiques Jacadi ou à la Maison du chocolat de New York), dont chaque abat-jour coulisse aisément, ce qui offre un réglage dans l’espace intéressant. « L’idée n’est pas de multiplier les collections mais de proposer un choix restreint et pertinent dont la complexité de fabrication permet de se protéger de la concurrence. Nous demandons aux designers d’imaginer des luminaires vivants et, surtout, nous leur expliquons que nous partageons leur créativité avec les architectes qui vont utiliser leurs modèles. »
La clientèle de Designheure est de fait composée à 90 % d’architectes. « Nous sommes plus à l’aise avec des professionnels qu’avec des particuliers, et notre collection leur est d’ailleurs davantage destinée », insiste la fondatrice de Designheure, qui arpente les salons professionnels européens. Euroluce à Milan, Light + Building à Francfort, EquipHotel, architect@work et Maison & Objet à Paris, 100 % Design à Londres…
Une politique qui leur permet de conquérir au fil des ans le marché international pour arriver aujourd’hui à une distribution pour moitié française et pour moitié dédiée à l’export. Leur dernière conquête : les Etats-Unis, où ils ont installé un bureau à Miami. Pour cela, ils ont obtenu l’indispensable certification de sécurité UL, avec laquelle ils ont pu intégrer des chantiers aussi prestigieux que celui du Hilton à Minneapolis ou du Renaissance Denver. En France, on retrouve les Cargo, Lightbook, Mozaik ou Nuage à l’Oceania de Montpellier, à l’Hermitage de La Baule mais aussi dans un certain nombre d’ambassades françaises : « Nous sommes fiers de montrer notre identité et notre savoir-faire français dans le monde » … depuis le port de Sète.
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