Culture
La Maison européenne de la photographie accueille jusqu’au 25 février une rétrospective de l’œuvre du photographe italien Nino Migliori. Accrochant !
Entre les clichés en noir et blanc d’une Italie pleine de candeur de ses débuts à ses tirages haute résolution de tables de bars londoniens, la MEP rend un hommage saisissant à l’œuvre de Nino Migliori le temps d’une exposition : « La matière des rêves », jusqu’au 25 février.
Né à Bologne en 1926, le photographe tire ses premiers clichés à la fin des années 40 et commence à créer ses séries au début des fifties. Il capture alors les habitants de sa région, au naturel, à la manière d’un reporter. Une tribu d’écoliers, une artère en plein soleil, un bal… Il exporte ensuite son concept au reste de l’Italie, photographiant tantôt le sud ouvrier que le nord cossu.
L’artiste passe alors du quasi-documentaire à l’abstrait, intéressé par le sujet autant que par la technique. Pyrogrammes, hydrogrammes, photogrammes, il s’essaye à toutes les transformations et expérimentations. « Cancellazioni » (1954) et le « Cellogramma » (1956) sont deux des pièces les plus troublantes.
Dans les années 70, le photographe immortalise les murs, dans une série éponyme, laissant découvrir une nouvelle facette de son message. Après son ambition de figer la réalité, puis la transformer, il vieillit et se veut messager de l’empreinte laissée par les hommes, obsédé par le temps.
Migliori, peintre expérimental
Ainsi, il rendra hommage en polaroïds – un procédé qui constituera une grande partie de son travail après les années 80 – au peintre Giorgio Morandi, reprenant ses paysages de l’Emilie-Romagne. Dans la série « Lumen », il ira jusqu’à photographier des statues de Parme éclairées par une torche ou une bougie, comme on pouvait les observer à l’époque de leur construction.
L’apogée de ce travail sur le temps – c’est ce que l’on ressent pendant la visite – tient en deux séries : « Le Temps ralenti » (2009), des natures mortes emprisonnées dans des bocaux qui mettent le visiteur face à ses angoisses, et « Cuprum » (2015). Pour cette dernière, Migliori a tiré grandeur nature des tables en cuivre repérées dans des bars de Camden à Londres, tatouées de traces de verres, comme des peintures rupestres. Impressionnant et poétique.
Nino Migliori n’est pas le plus célèbre photographe de son pays en dehors de ses frontières, mais son oeuvre polyvalente à l’incroyable diversité est à (re)découvrir en urgence !
Nino Migliori, La matière des rêves
Maison européenne de la photographie, jusqu’au 25 février.
5-7 rue de Fourcy (Paris 4).
Tél. +33 1 44 78 75 00
www.mep-fr.org
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