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Connue à l’étranger comme la Silicon Valley de l’Inde, Bangalore a été détrônée par Delhi en 2016 : désormais, il y a plus de start-up dans la capitale et celles-ci y lèvent davantage de fonds. C’est le signe, pour Delhi, d’une vitalité créative retrouvée, boostée par le gigantisme de la ville et la jeunesse de sa population.
Un séisme s’est produit l’an passé en Inde : New Delhi a supplanté Bangalore comme capitale des start-up. Au grand désarroi de la ville champignon du Sud, surnommée la Silicon Valley de l’Inde, la capitale attire aujourd’hui davantage de financements et de projets. En 2016, c’est elle qui avait raflé le plus d’argent des fonds de capital-risque dans tout le pays, et cette prédominance se confirme : au premier semestre 2017, la National Capital Region (NCR), qui englobe Delhi et ses deux villes satellites, Gurugram et Noida, a enregistré 138 levées de fonds pour un total de 3,35 milliards de dollars, contre 2,56 milliards à Bangalore. Parmi les plus belles opérations récentes, celle de l’entreprise d’électricité éolienne ReNew Power (levée de 690 millions de dollars) auprès de la Banque asiatique de développement, du japonais Jera et de Piramal Capital, et celle du site de paiement électronique Paytm (200 millions de dollars) auprès du chinois Alibaba et de SAIF Partners.
New Delhi : trois villes en une
D’après le site Inc42 DataLabs, entre janvier 2015 et juin 2017, ce sont 760 start-up qui ont levé de l’argent à New Delhi, pour une enveloppe globale de 7,2 milliards de dollars, contre 686 start-up à Bangalore, pour un montant de 6,3 milliards de dollars. Pourquoi les cartes sont-elles ainsi en train d’être rebattues entre les deux villes ? « Le fait d’avoir trois villes en une à Delhi est un atout, répond Athira Nair, blogueuse sur le site spécialisé YourStory.com, de même que la présence d’universités de renom dont les diplômés sont ravis de se lancer dans l’entrepreneuriat, plutôt que de passer des entretiens d’embauche pour entrer dans des grandes entreprises. » Parmi ces établissements : l’Indian Institute of Technology, le Delhi College of Engineering, la Faculty of Management Studies et des universités privées comme Amity ou Jagan. En outre, si Bangalore est réputée pour la high- tech, avec la présence chez elle de groupes importants comme Infosys et Cap Gemini, New Delhi a l’avantage d’être pluridisciplinaire. Actuellement, le nombre de start-up domiciliées à New Delhi est estimé à plus de 4 200, contre 3 600 à Bangalore et 2 300 à Bombay. Parmi les stars locales, on trouve les portefeuilles électroniques Paytm et MobiKwik, la plateforme d’e-commerce Snapdeal, le site de réservation de restaurants Zomato ou encore l’agence de voyages en ligne MakeMyTrip. Les investisseurs y trouvent leur compte, disent- ils, parce que la population de la région capitale est « jeune et cosmopolite » – le nombre d’étudiants approche les 500 000 – et que cette jeunesse fait preuve d’un « esprit vif et plus libre qu’ailleurs ».
Les services, moteurs de l’économie à New Delhi
Autre raison invoquée : le gigantisme de New Delhi, qui permet de tester facilement un produit ou un service à venir auprès du consommateur. D’où la prédominance de start-up impliquées dans le commerce électronique. Delhi et sa région se distinguent en effet par la dynamique du secteur de la distribution de biens de grande consommation. On y dénombre une trentaine de centres commerciaux, dont Saket et Emporio. Le territoire de la NCR est également très puissant dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, grâce aux parcs technologiques de Gurugram et de Noida, où les entreprises obtiennent des aides fiscales de l’Etat pour s’y installer. D’une manière générale, ce sont les services qui tirent l’économie de New Delhi : ils assurent à eux seuls plus de 80 % du PIB régional, depuis que les industries polluantes ont été délocalisées ailleurs en Inde.
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