The Good Business
La jeune start-up française Feed., officiellement lancée il y a un an intéresse déjà de nombreux investisseurs et connaît une croissance spectaculaire. Elle commercialise des repas sains et bon marché dans des formats pratiques. L’avenir de la nutrition ?
Une première levée de fonds de 500 000 d’euros début 2017 avant même son lancement, une seconde de 3 millions d’euros six mois plus tard, des investisseurs étrangers, un chiffre d’affaires multiplié par deux tous les mois… Feed. à tout de la start-up française en pleine croissance. Mais ici pas d’appli, d’ubérisation, d’objets connectés, de shares ou de likes.
La jeune entreprise parisienne est en fait spécialisée dans la smartfood. Des repas pensés par des dizaines de médecins et nutritionnistes, qui compilent 160 allégations nutritionnelles (un record !), vendus entre 2,50 et 3 euros. Le tout distribué en ligne vers l’Europe entière et dans plus de 1000 boutiques. Les formats sont pratiques, bouteilles ou barres, et les emballages minimalistes. La communication ? Ce sont les utilisateurs qui s’en occupent, sur les réseaux sociaux et par le bouche à oreille. Implacable.
Derrière cette machine, Anthony Bourbon, ancien juriste à peine trentenaire qui a eu l’idée de ses petites bouteilles ultra-nutritives lors de ses précédentes expériences. Contraint d’aller au snack, au fast-food ou même de sauter des repas, insatisfait par les produits de régime hypocaloriques, il se renseigne alors auprès de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (efsa) et concocte ses propres repas. « Au départ, mes collègues se sont moqués, puis ils s’y sont intéressé, on se voyait en dehors du bureau et je leur apprenais mes recettes, se souvient le jeune chef d’entreprise, j’ai senti qu’il y avait un besoin auquel je pouvais répondre. »
Feed. investi d’une mission ?
Il engage alors les grandes manœuvres et monte Feed. aidé par des experts de la nutrition. Et si Anthony Bourbon ne fait pas dans le bénévolat, l’objectif est tout de même d’embaucher (déjà trente salariés) et générer du chiffre d’affaires, il sait que son entreprise a un rôle important à jouer dans la transformation des habitudes alimentaires de ses contemporains. Il va falloir, dans quelques années seulement, être capable de nourrir 10 milliards d’habitants. « On ne peut plus consommer comme on le fait, en détruisant l’écosystème, la question n’est pas d’arrêter de manger de la viande ou du poisson, mais d’en manger moins et mieux. »
Ni candide, ni moralisateur, il continue : « Feed. n’est pas la solution miracle, c’est aussi une façon de sensibiliser sur le fait qu’il est possible de manger autrement, de temps en temps mais nous ne sommes pas là pour stigmatiser quiconque.». Ici, le « végan », le « sans gluten », « sans lactose » et le « made in France » ne sont donc pas seulement des arguments marketing.
C’est certainement ce qui a convaincu un grand chef étoilé français – son nom sera révélé en février mais, un indice, The Good Life l’a déjà interviewé – d’acheter des parts de la société et d’en créer les prochaines recettes. Cette nouvelle tête d’affiche devrait finir de convaincre les distributeurs américains, qui contactent déjà « tous les jours » Anthony Bourbon. Le tout avant une nouvelle levée de fonds spectaculaire de plusieurs dizaines de millions d’euros dans le courant de l’année. A peine plus d’un an après son lancement, Feed. grandit vitesse grand V… Assez pour faire changer les habitudes et les mentalités ? Réponse, on l’espère, avant 2038.
→ www.feedsmartfood.com
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