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Sur un segment de marché où les acteurs sont chaque jour plus nombreux, Colmar trace sa voie à l’italienne. En misant sur le passé vintage, une méthode qui fait la force de beaucoup de marques patrimoniales transalpines.
Quand la Bomba, Alberto Tomba, domine les jeux Olympiques de Calgary, en 1988, c’est autant pour sa technique athlétique que pour son allure affirmée et séduisante. Les grands skieurs italiens ont en commun avec les jet-setteurs de Cortina d’Ampezzo, de Zermatt ou de Saint-Moritz un certain style, une certaine élégance qui tient, en partie, à leur équipement. Tous slaloment en Colmar. Colmar, non pas comme la ville du Haut-Rhin, mais comme la contraction des premières syllabes de Mario Colombo.
En 1923, l’artisan italien crée, à Monza, une manufacture de confection de chapeaux et de guêtres pour hommes. A cette époque, Mario Colombo réussit l’exploit de développer son entreprise bien au-delà de la péninsule, jusqu’en Iran et en Egypte. Mais ses affaires connaissent de sérieuses difficultés lorsque la Société des Nations prend des sanctions contre le régime de Mussolini, notamment en restreignant, drastiquement, les exportations italiennes. Avec un goût pour le rebond, il se reconvertit alors dans la fabrication des vêtements de travail et utilise un coton tissé et traité par l’un de ses cousins. Le matériau a la particularité de résister aux lavages successifs et de ne pas rétrécir. Cela le rend parfaitement adapté à la fabrication des tenues conçues pour les pionniers du ski, à la fin des années 30. Et le concept ne tarde pas à porter ses fruits. En 1948, Colmar équipe les athlètes de la Fédération italienne des sports d’hiver et crée une veste aérodynamique qui sera son best-seller de 1952 à 1972. Aux jeux Olympiques de Grenoble, en 1968, Jean-Claude Killy gagne ses médailles habillé en Colmar. Egalement sponsor de la Coupe du monde de ski, la marque ne cesse de développer des modèles techniques ultraperformants et ne s’éloigne des pistes que tardivement… On est alors à un moment où, sous la houlette de Moncler, la doudoune devient un vrai phénomène de mode et envahit les rues.
Colmar : de nouveaux défis
Si la réputation de Colmar est incontestable en Italie, sa notoriété l’est moins à l’étranger, tout comme sa distribution. Colmar doit se surpasser. « C’est un peu comme si nous repartions de zéro », commente Stefano Colombo. La famille est toujours à la tête de l’entreprise, et l’arrière-petit-fils du fondateur en est l’actuel directeur marketing. En presque cent ans d’existence, la marque a connu des revers. Mais elle a su, à chaque fois, se remettre en question, pour affronter les nouvelles compétitions. « Notre force, poursuit Stefano Colombo, est d’avoir conservé des coupes élégantes, des détails de finition issus du tailoring italien et de les avoir toujours associés à notre technicité. Et surtout, nous avons su garder la maîtrise de nos outils de production. » Après avoir lancé Colmar Originals, en 2009, et Golf Collection, un an plus tard, la marque redéfinit ses lignes en 2012. Colmar Sport regroupe les collections ski, golf, outdoor et incarne son dynamisme en accompagnant les nouvelles générations de sportifs, notamment dans les compétitions de ski-cross.
Plus urbaine, très lifestyle, Colmar Originals surfe sur la mode, joue sur les éditions limitées collector et, comme fréquemment en Italie, puise son futur dans son passé en travaillant des collections d’inspiration vintage. Jusqu’à son logo actuel qui s’inspire de celui datant des années 70-80. Cette saison, elle sort, en collaboration avec la marque française Au Jour le jour, une collection capsule, inspirée des années 90. Les pièces aux coloris vifs et aux imprimés intenses ont représenté le sportwear masculin italien à l’exposition La Famiglia, récemment organisée par le Bon Marché. Ces coups, bien pensés, ont permis à Colmar Originals de prendre le pouvoir en à peine cinq ans. Jusqu’à représenter 80% des ventes de la marque avec une croissance moyenne de 20%. Cette engouement devrait se confirmer en 2017. Bien vu !
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