The Good Business
Neuf ans après le lancement de leurs hôtels branchés, la famille Trigano décline, aux « espaces de travail partagés », l’ambiance et l’esprit fun et fonctionnel des Mama Shelter. Elle vient de lancer Mama Works à Lyon, première adresse française de son offre de coworking... On est allés voir.
« C’est à la fois une bulle bienfaisante, propice à l’inspiration et à la concentration, où l’on peut venir en solo, une agora stimulante où l’on débat, discute et brainstorme en équipe, et un loft lumineux où les idées, les gens et les énergies circulent à l’envi. » Voilà comment Serge Trigano, cofondateur du groupe Mama Shelter, présente Mama Works, son nouveau bébé lancé en juillet dernier à Lyon, dans le quartier d’affaires de la Part-Dieu. Le fils de la famille Trigano adapte, aux espaces de travail partagés, l’esprit fun et fonctionnel du concept des hôtels Mama Shelter créé en 2008, dans le 20e arrondissement de Paris. « Le secteur du coworking est en pleine effervescence, mais nous nous sommes dit qu’il lui manquait une certaine légèreté, poursuit-il. A la différence des autres acteurs du marché, pour beaucoup issus de l’immobilier, nous sommes des hôteliers qui aimons bichonner nos clients. Avec Mama Works, nous amenons de la vie au bureau. Nous sommes des marchands de bonheur ! »
Une promesse et une volonté qui ont guidé le travail de l’architecte Jalil Amor. Il a joué avec les espaces et a défini une autre façon de travailler. Un horizon différent et stimulant, pour développer les projets les plus audacieux. Les 1 600 m2 de la première adresse, à Lyon, ressemblent à une sorte de campus américain, aussi studieux que récréatif. Ici, pas de fontaines à eau tristounettes, pas de rangées de bureaux austères, pas de murs tristes. Les 230 postes de travail, en plateaux ouverts ou fermés, ainsi que les sept salles de réunions high-tech et modulables sont agrémentées d’épaisses moquettes à motifs, de plafonds ornés de graffitis, de lumières latteuses et de chaises ergonomiques stylées. Au centre de l’espace, un imposant bar, qui fait aussi office d’accueil, propose toute la journée, à volonté, des softs et des boissons chaudes, notamment un café servi par un authentique barista.
Mama s’occupe de tout au Mama Works
Les coworkers bénéficient aussi de douches, d’une salle de sport pour décompresser, d’une boutique de déco pour s’inventer un espace à soi, d’une salle de musique insonorisée et équipée d’une batterie, d’une guitare électrique et d’un piano… sans oublier l’incontournable Baby-foot. A l’image du slogan de Mama Works, « Vous ne vous occupez de rien, Mama s’occupe de tout », les services alloués sont tout aussi nombreux : connexion Internet illimitée, mise à disposition de rangements personnels, imprimantes pro en libre accès, organisation de workshops sur mesure pour enrichir ses compétences, programmation d’événements quotidiens pour permettre aux locataires d’élargir leur réseau et de développer leur business… Une scène est même installée pour accueillir des conférences, des afterworks ou des animations plus légères, façon crêpes-party. « On se sent chez soi, confie Alexandre Barbarini, associé gérant de Leoma Patrimoine, l’un des premiers coworkers arrivés, en juillet dernier, dans l’univers de Mama Works. L’ambiance est stimulante, motivante. La vie de bureau est galvanisée. J’ai hâte de mieux connaître les autres occupants, de nouer des liens et, pourquoi pas, de développer du business grâce à eux. » A la tête d’une jeune entreprise sans employé, ce gestionnaire de patrimoine a choisi la formule Mama Office (à partir de 990 euros par mois) incluant un bureau privé et personnalisable : « Je dispose de 15 m2 que j’organise comme je veux. Je peux recevoir mes clients et mes prospects comme dans n’importe quelle entreprise, sans subir les lourdeurs administratives habituelles. »
Mama Works ne propose pas de baux classiques, mais des abonnements flexibles et adaptables à tous les profils. En optant pour Mama Mobile, l’entrepreneur peut réserver à la journée un coin de loft (dès 39 euros/jour). Avec Mama Desk (dès 389 euros/mois), il dispose d’un bureau dédié en openspace, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit.
Un marché porteur
« Nous avons ouvert en juillet et nous affichons un taux d’occupation de 40 %. Les 100 % devraient être atteints dans un an », pronostique Serge Trigano, confiant. Les espaces collaboratifs poussent pourtant comme des champignons ! A Lyon, on recense aujourd’hui une vingtaine d’espaces de travail collaboratifs, soit plus de 8 000 m2 de bureaux utilisés mensuellement par plus de 1 300 coworkers, dont 80 % d’indépendants. Cette tendance se retrouve à l’échelle nationale : 500 lieux de travail partagés ont ouvert en France cette année, contre 60 en 2012. Soit un bond de 700 % ! Face à la hausse des prix des loyers et à la lourdeur des baux commerciaux, les nouveaux entrepreneurs cherchent à rompre l’isolement, tout en s’assurant une totale liberté d’action. « On retrouve ici tout ce qu’il y a dans une entreprise, de la machine à café à l’imprimante illimitée, et parfois davantage, explique Alexandre Barbarini. On partage avec l’autre tout en conservant son indépendance. Chacun est libre de quitter l’endroit quand il le souhaite. Je me suis fixé l’objectif de rester douze mois dans mon bureau du Mama Works, mais si mon activité se développe plus lentement que prévu, je partirais plus tard… »
Grâce à cette nouvelle activité connexe, où il dupliquera des recettes qui ont fait leurs preuves, le groupe Mama Shelter – détenu à 38 % par la famille Trigano, à 37 % par le groupe Accor et à 15 % par l’homme d’affaires Michel Reybier – compte bien réitérer le succès de ses hôtels. L’entreprise a réalisé 50 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016, dont 18 millions en hôtellerie. Elle poursuit son développement avec l’ouverture, dans les trois prochaines années, de Mama Shelter à Belgrade, à Prague, à Toulouse, à Bangkok, à Lille, à Paris-Porte de Versailles, à Dubaï, à Lisbonne et à Luxembourg. Un Mama Works s’installera bientôt à Bordeaux, avec déjà un taux d’occupation de plus de 70 %. Puis ce sera au tour de Lille, dès le premier trimestre de 2018. Et voilà le travail !

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