The Good Business
Folie-pull, en se préparant pour l'hiver : tour d'horizon des producteurs made in France qui fabriquent du 100 % merinos.
-
100 % merinos : Montagut et son usine
Directeur financier du groupe français Montagut et de l’usine textile installée au Portugal (l’une des rares en Europe à avoir résisté à l’hégémonie asiatique), Thierry Vernet confie : « L’Asie a en effet récupéré 98 % des filatures, qui pratiquent des prix de vente divisés par deux. La situation est compliquée pour nous, car les articles classiques ont perdu en compétitivité.De plus, le consommateur trouve la laine chère (notre usine a paie 22 $ le kilo), d’où les mélanges laine-synthétique du mass-market pour faire baisser les coûts. Enfin, le cachemire devient un concurrent sérieux. »
Le groupe Montagut a trouvé la parade grâce à son savoir-faire industriel en maille fine, à sa créativité et à ses procédés certifiés – 250 000 pièces fabriquées par an. « Notre manufacture Orfama, créée en 1970, à Braga, achète le fil écru en Italie, puis le teint en plus de 32 couleurs sous licence Woolmark (répondant ainsi aux critères de solidité, de couleur, de résistance à la lumière, de rétrécissement, etc.). Nous tricotons des points très élaborés et des motifs placés. Du haut de gamme! Les panneaux de laine sont assemblés par remaillage, de lisère à lisère, la meilleure qualité possible pour les finitions – contrairement au surpiqué, qui forme des bourrelets. Enfin, Maison Montagut et Pôles, les marques du groupe, achètent le produit fini, comme 50 autres clients, dont Le Bon Marché, Armani ou Maison Kitsuné. »
Le pull Montagut, un accéssoire de mode ?
Nicolas Gros, le directeur général et l’un des héritiers du conglomérat familial (100 M € de chiffre d’affaires), tient à faire du pull un accessoire de mode : « Nous possédons 77 machines spécialisées qui permettent des tricotages originaux. Nous recrutons aujourd’hui une nouvelle styliste et nous renforçons les équipes de modélisme et de développement de notre usine. L’idée est de travailler les détails sur les points de maille, pour une clientèle citadine, et de développer l’univers de la maison autour de la laine. Parallèlement, on remet à plat notre business-modèle en Chine, où nous avons été pionniers dès 1980. Nous reprenons le contrôle total de la marque Maison Montagut en Asie. Partout ailleurs, nous allons fondre Pôles pour obtenir une seule marque. »
-
100 % merinos : Six & Sept et son atelier
A peine sorti de l’école de commerce, William Hauvette crée sa marque de maille avec un ami. Depuis 2016, il la dirige en solo, plongé dans le monde merveilleux du mérinos filé chez Tollegno, en Italie. Aujourd’hui Six & Sept vend environ 10 000 pièces par an : pulls (à 90 %), mais aussi bonnets, écharpes et chaussettes. Cette sympathique marque possède son atelier de tricotage attenant à la boutique parisienne (27 bis, rue Durée, 16e). Là, sur une antique machine japonaise de 1950, quasi sous notre nez, le styliste Antonin Birolaud crée prototypes à col rond très lâche, points carrés ou jacquards en diagonale.
Mais aussi, et c’est rare, l’atelier répare notre maille, sujet ô combien sensible, qui bouloche ou accroche ! Grande nouvelle : William Hauvette lance une seconde marque 100 % masculine. « Asphalte proposera un total-look vendu en ligne. On a déplacé la production au Portugal pour être 25 % moins cher sur nos basiques. Il y aura aussi de gros cardigans de près de 1 kg de pure laine. » En attendant, une nouvelle laine angora va réchauffer notre hiver, filée en Ecosse, s’il vous plaît !
-
100 % merinos : Bonne Gueule et son blog
Fondé en 2007, le blog de mode masculine lance son label de vêtements pour l’homme en 2014. Geoffrey Bruyère, l’un des fondateurs du site, indique : « Nous faisons des pulls depuis trois ans et nous allons les développer cet hiver. Notre positionnement est de proposer peu de pièces, mais de les travailler à fond, en concentrant les volumes pour obtenir le meilleur rapport qualité-prix. » Nouveauté : les internautes pourront commander des échantillons pour se faire une idée de leur qualité. De plus, des ateliers inviteront les clients à décortiquer leur petite laine, à observer son remaillage – leur permettant ainsi de faire la différence avec l’atroce coupé-cousu. De même, Bonne Gueule met en place un coaching de style. Enfin, une quatrième boutique va ouvrir à Paris, tandis que l’enseigne tente de marquer de nouveaux scores en Allemagne.
Lire aussi
Chandails worldwide : un Grand Tour mondialisé
Au Portugal, l’industrie du cuir et du textile se professionnalise