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Plutôt discrète jusqu’à présent, une fois désignée capitale européenne de la culture 2017, Aarhus a lâché les chevaux et multiplie espaces culturels et quartiers futuristes. Ici, le "hygge" est la recette du bonheur à la danoise. Vous devriez aller voir !
Aarhus ne fait pas exception à la règle. Etre désignée capitale européenne de la culture équivaut pour une ville à un bon coup de pied au derrière. Parlez-en à Lille ou à Marseille. Outre les financements européens, l’échéance à tenir et l’exposition médiatique l’obligent à accélérer la réalisation d’infrastructures qui traînaient un peu et à ouvrir les vannes des budgets consacrés aux projets culturels. Connaissiez-vous son nom avant sa nomination ? Il se prononce « Or-hous ». Seconde ville du Danemark par le nombre d’habitants, cette cité portuaire fut fondée par les Vikings au VIIIe siècle, sur la côte est de la péninsule danoise. Une vieille dame un peu provinciale jusqu’à présent, fière d’être l’un des pied-à- terre du roi et le chef-lieu du Jutland central, région de bois, de plages sablonneuses et de lacs. Mais ça, c’était avant. Avant qu’une forte immigration, essentiellement issue des campagnes environnantes, associée à une natalité guillerette ne l’oblige à pousser les murs et à s’inventer des quartiers nouveaux, avant de devenir un phare culturel européen pendant un an, avant que cette paysanne, qui a longtemps préféré se tourner vers l’intérieur des terres, n’accepte enfin son identité marine. Lorsqu’on atterrit à Billund, l’aéroport le plus proche de la ville, on est saisi par ce tableau composé de champs de blé manucurés et de vaches toilettées.
En arrivant par la mer, en revanche, comme on devrait toujours le faire dans ces contrées, c’est un gigantesque port qui occupe tout le paysage : avec 8,8 km de quais et 5,3 km de jetées, il voit défiler 60% des conteneurs qui débarquent au Danemark et héberge 150 compagnies privées de transport maritime, employant 10 000 personnes. Les ferrys et les navires de croisière qui transitent par cette plaque tournante stratégiquement située en bordure du Cattégat, le détroit qui relie la mer du Nord à la mer Baltique, débarquent chaque année deux millions de passagers. Le 22 juin dernier, le MSC Erica y larguait ses amarres, chargé de 3600 conteneurs. « Le plus gros chargement de l’histoire du Danemark, explique le directeur du port, Jakob Flyvbjerg Christensen. Cette année, nos chiffres montent en lèche. Et depuis que la compagnie groenlandaise Royal Arctic Line a quitté Aalborg pour faire d’Aarhus son port d’attache, nous avons vu passer le plus gros tonnage de marchandises de toute l’histoire du pays. »
Un port hyperactif
Ce port industriel a été, peu à peu, repoussé vers le sud, dégageant, à l’aplomb du centre- ville, de vastes docks, récemment investis. C’est là que se dresse désormais Dokk1, un impressionnant vaisseau d’acier et de verre abritant bibliothèque et médiathèque. On y vient bouquiner, installé dans de profonds canapés, visionner des films en famille, grignoter à la cafétéria… Un projet urbain, communautaire et social pour la ville. Posés ici et là, des groupes d’étudiants travaillent et chuchotent, reflet de l’extrême jeunesse de la cité.
La réputation de l’université, créée en 1928, a depuis longtemps dépassé les frontières du pays. Elle compte, parmi ses anciens étudiants, deux Prix Nobel et deux membres de la famille royale. Dès 2006, conformément à une législation du gouvernement danois, qui souhaitait réduire de moitié le nombre d’établissements en encourageant une fusion avec les institutions de recherche, elle a intégré cinq structures d’enseignement supérieur. De nombreuses grandes entreprises, à l’image de Vestas, leader de l’énergie éolienne, ont, dans la foulée, installé leur siège à proximité de ce grand campus noyé dans la verdure.
A cette jeunesse – qu’on croise volontiers en ville, dans Latinerkvarteret, le « quartier latin » aux ruelles pavées, où se trouvent toutes les boutiques de créateurs et aussi les friperies vintage dont les villes du Nord raffolent, ou encore aux terrasses qui bordent la partie du fleuve récemment ouverte à l’air libre (le reste étant couvert) –, s’ajoute un flux migratoire impressionnant. Venus des régions environnantes et de l’étranger, attirés par le secteur des services en plein développement, par le port en expansion, ainsi que par les entreprises d’électronique et de métallurgie et par la concentration d’entreprises d’énergie éolienne la plus dense du monde. On évalue à 2000 ou 3000 le nombre des nouveaux résidents qui s’installent chaque année.
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