Horlogerie
Les horlogers fréquentent avec assiduité les ponts des plus beaux voiliers. Mais quand ils larguent les amarres, ils ne partent pas tous pour la même régate.
En matière de sport, les horlogers soutiennent prioritairement les disciplines dites élégantes : tennis, golf, polo… La voile entre aussi dans cette catégorie. De tout temps, en effet, des marins bien nés se sont affrontés en mer sur de fins navires aux voiles immaculées. Ce monde chic attire les enseignes, très nombreuses à sponsoriser le secteur du nautisme. En plus des cinq élues de ce dossier – Rolex, Panerai, Omega, Richard Mille et Michel Herbelin –, on croise aussi, voguant sur les eaux bleues et au gré du vent : Zénith, Tag Heuer, Oris, Alpina ou encore Hublot. Bref, un vrai embouteillage horloger. « La fascination des manufactures pour la mer n’a rien de surprenant. Depuis des siècles, l’horlogerie est intimement liée à la navigation, rappelle Richard Mille (@richardmilleofficial). La création des premières montres provient, en effet, en droite ligne du phénomène de miniaturisation des horloges marines. »
En montant à bord, les fabricants de montres cherchent à s’approprier l’image d’évasion et de liberté du nautisme. C’est aussi une discipline considérée comme écologique, puisqu’elle tire sa force d’une énergie renouvelable : le vent.
Le goût de l’aventure des horlogers
Vieux gréements, courses au large ou régates sportives, les marques horlogères s’engagent sur tous les types de compétitions à la voile. Certaines optent pour la course extrême : tour du monde, traversée en solitaire… elles font le choix de l’aventure et de l’exploit humain. C’est le cas de Zénith, notamment, qui a soutenu Yann Guichard, arrivé deuxième de la Route du Rhum, en 2014. Elle réédite son parrainage quand le skipper français s’élance sur son maxi-trimaran Spindrift 2 de 40 m, pour une tentative de record du tour du monde en 2015.
L’attrait pour l’aventure et l’exploit sportif pousse également Omega à s’engager auprès d’Ellen MacArthur lors de son tour du monde en solitaire, en 2005. D’autres choisissent le vintage. Panerai a notamment fait restaurer Eilean, un splendide ketch bermudien à deux mâts, de 22 m, datant de 1936. La marque française Michel Herbelin parraine la Porquerolles Classique, une réunion de bateaux de tradition, dont les régates se disputent autour des îles d’Or. « Les courses ou manifestations de monocoques anciens s’appuient sur le courant nostalgique actuel. Elles font naître beaucoup d’émotions », se félicite Angelo Bonati, le patron de Panerai.
Enfin, les voiliers contemporains retiennent aussi l’attention des manufactures. Ces formules 1 des mers se présentent comme des concentrés de technologie. « J’ai choisi de soutenir des bateaux modernes très performants, en m’impliquant dans Les Voiles de Saint-Barth, explique Richard Mille. Je suis toujours aux aguets des évolutions qui interviennent dans les industries innovantes afin d’en transposer certaines au monde horloger. » En revanche, ces bâtiments, souvent des multicoques en fibre de carbone ou en kevlar, dont les ailes rigides peuvent atteindre 40 m de haut, génèrent moins d’affect.
Jouer la montre
L’America’s Cup reste « la » course à la voile contemporaine préférée des horlogers. « Il faut dire que le spectacle de ces bateaux ultraperformants est particulièrement extraordinaire, et que cette compétition génère des retombées médiatiques colossales », rappelle Angelo Bonati. Ces « machines de guerre » sont pourtant moins chaleureuses que les navires anciens aux ponts de teck, à l’accastillage en laiton et à l’atmosphère chic et conviviale. Le soir après la course, VIP, marins et skippers se retrouvent à la capitainerie, coupe de champagne à la main et beaux vêtements sur le dos.
Pour profiter des retombées de la voile, les horlogers développent des montres spécifiques en série limitée. Elles arborent souvent des cadrans, coloris ou bracelets spéciaux. Certaines optent pour des fonds gravés rendant hommage à une manifestation ou à un bateau. Les montres de régates sont les mieux adaptées au secteur. Elles disposent d’un compte à rebours qui informe par de petites alarmes ou divers repères visuels du temps restant avant le coup d’envoi d’une course. Avec elles, difficile de rater son départ.
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