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Ce Suisse, président Suisse de la division montres de LVMH (Hublot, Tag Heuer, Zenith…) depuis trois ans a fait toute sa carrière dans l’horlogerie, de Swatch à Hublot, en passant par Blancpain. Il nous parle de son rapport au temps et à la création.
The Good Life : M. Biver, quel est votre rapport au temps ?
Jean-Claude Biver : Le temps est le joyau des horlogers. C’est parce que nous nous accordons du temps que nous arrivons à l’excellence. Sans le temps, l’excellence ne peut s’exercer. C’est l’un des éléments qui nous distinguent de l’industrie.
TGL : Comment être actuel et intemporel dans l’horlogerie ?
J-C. B. : Dans l’art horloger, si on ne triche pas, on entre dans une éternité. Par exemple, le mécanisme de l’horloge de la tour de Big Ben fonctionne depuis cent cinquante ans.
TGL : Comment faire un objet actuel qui s’inscrive dans le temps ?
J-C. B. : Nous nous appuyons sur nos connaissances en les interprétant pour les projeter dans le futur. On ne peut être dans la répétition de la tradition, mais dans sa connaissance, pour l’interpréter et alors l’inscrire dans notre époque.
TGL : Quels sont les moments de votre métier que vous préférez ?
J-C. B. : Celui de la création, lorsque les prototypes prennent vie et qu’on les met au poignet pour la première fois.
TGL : Quel est le futur de l’horlogerie ?
J-C. B. : Le secteur se scindera en deux : l’art horloger, qui s’inscrira dans une forme d’éternité, et l’industrie horlogère, qui procurera des informations. Deux axes complémentaires qui ne se concurrencent pas, car l’information née de la technologie est condamnée à l’obsolescence. Elle est incomparable à l’art horloger, né en 1565, qui, lui, reste connecté à l’éternel.
TGL : À quel hôtel descendez-vous quand vous allez au salon de Bâle ?
J-C. B. : Les Trois Rois est mon hôtel fétiche. Il est situé au bord du Rhin et, depuis le balcon de ma chambre, je vois les péniches passer. Je ne me vois pas dormir dans un autre hôtel de la ville, car je suis superstitieux et, jusque-là, il m’a plutôt porté chance.
TGL : Où aimez-vous donner vos rendez-vous à Genève ?
J-C. B. : J’aime bien rencontrer mes rendez-vous au Kempinski, car le patron est un ami et le lieu est très central, au bord du lac. N’importe quel taxi trouvera cet hôtel.
TGL : Où aimez-vous vous échapper au quotidien ?
J-C. B. : Dans ma ferme. J’y suis en connexion avec la nature, mes vaches, ma basse-cour, mes canards, mes oies… Une journée passée chez moi, c’est comme une semaine de vacances. L’odeur du fumier me plaît. C’est l’odeur de la nature.
TGL : Comment améliorez-vous votre quotidien ?
J-C. B. : Par le sport, très tôt le matin. Il m’arrive de partir à 3 heures faire du vélo. Je suis seul, j’entends les oiseaux qui chantent, je vois naître les premiers rayons du soleil. Lorsque je rentre à 8 h 30, j’ai fait le plein d’énergie. Cela fait partie de mon hygiène personnelle.
TGL : Dans quelle atmosphère aimez-vous travailler ?
J-C. B. : J’apprécie les atmosphères chaleureuses, un peu campagnardes, qui font penser à des salons de grands-mères. J’aime le design moderne, mais pas dans mon univers quotidien, car la pureté des lignes du design manque de chaleur.
TGL : Quelle est, selon vous, la ville la plus intéressante du moment ?
J-C. B. : Celle qui me séduit depuis plus de quinze ans, c’est Tokyo. Le Japon est le royaume de la politesse, du respect et de l’amour. Et je suis sensible à cette éthique, tout autant que je suis fasciné par les Japonais. Tokyo, c’est le parfait mariage entre l’hier et le demain. Par moment, on se croirait au XVe siècle et, une minute plus tard, on est au XXIIe siècle.
TGL : Quelle ville avez-vous découverte récemment ?
J-C. B. : J’ai redécouvert Istanbul il y a un peu plus de six mois. Le Bosphore, le mariage entre l’Asie et l’Europe, l’activité débordante… Mais c’était avant les événements…
TGL : Quelles sont vos habitudes quand vous voyagez ?
J-C. B. : J’essaie de boire et de manger le moins possible. Sans cette rigueur diététique, la fatigue et le jet-lag prennent le dessus. Impossible quand on doit rester concentré. Je ne suis pas très « social », car je ne suis pas en vacances.
TGL : Vous ne mélangez donc pas loisirs et business…
J-C. B. : Non, c’est l’un ou c’est l’autre. Je pars bientôt pour une journée à Hong Kong et je ferai au plus court possible.
TGL : Avez-vous découvert une ville à l’occasion d’un voyage personnel ?
J-C. B. : Londres, tout bêtement. Mes enfants m’ont guidé dans les quartiers qui bougent, car je cherche à comprendre ce que font les Millennials ainsi que les nouvelles marques. C’est indispensable si je veux créer des produits pour cette génération.
TGL : Quelle destination vous a le plus déçu ?
J-C. B. : Je ne suis jamais déçu, ni par l’accueil, ni par l’hébergement, ni par la nourriture, car je considère que c’est à moi de m’adapter. Je cherche toujours à apprendre, cela gomme beaucoup de déceptions.
Les adresses préférées de Jean-Claude Biver :
• Hôtel Les Trois Rois, à Bâle : www.lestroisrois.com
• Grand Hotel Kempinski, à Genève : www.kempinski.com
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