The Good Business
Le chef-lieu de la Toscane est l’une des destinations les plus appréciées par les touristes du monde entier. Un phénomène assez récent s’est fait sa place entre palais de la Renaissance et sculptures iconiques, celui du street art. Visite guidée avec The Good Life.
Les fashionistas ont pour habitude de faire un détour en Toscane en janvier et juin à l’occasion du Pitti, célèbre foire de mode masculine ; quand les autres visiteurs, eux, prennent d’assaut Florence tout au long de l’année. Une vague touristique que l’on doit au charme incontesté de ses monuments historiques. Ils commencent souvent par la coupole du dôme signée Filippo Brunelleschi, en continuant par la basilique Santa Croce, la place de la Signoria, puis une virée par la galerie des Offices… Les accros à l’art moderne feront étape au musée du Novecento, quand les passionnés de paysagisme s’adonneront à une balade bucolique dans les jardins de Boboli. Ils croiseront tous l’Arno par le Ponte Vecchio, en jetant un coup d’œil aux joailleries historiques qui ont fait la réputation d’une des villes les plus connues en Italie.
Trois ou quatre jours suffiront normalement pour apprécier au mieux églises et musées, tout en s’offrant une glace (chez le glacier La Carraia) et quelques inoubliables repas dans une trattoria toscane. Si tout se passe bien, on rentre avec un ou deux kilos de plus et quelques notions d’histoire de l’art. Les plus audacieux partiront avec l’idée de se réinventer sculpteurs, sublimés par les influences de Michel-Ange et de Donatello. Le programme pour une typique escapade florentine est en soi assez attrayant.
Florence, l’exploit d’un mouvement inattendu
Parallèlement aux traditionnels circuits touristiques, une nouvelle scène artistique discrète surgit à Florence. C’est celle du street art. Des interventions urbanistiques drôles et colorées font de plus en plus leurs apparitions, parfois timides, dans les rues où l’on aperçoit un palais au style bugnato (sorte de briques en pierre qui confèrent à certains bâtiments un look monumental) presque à tous les coins de rue. Un artiste breton, Clet, (voir notre intw.) en est le pionnier. Sa spécialité ? Habiller les panneaux de signalétique avec des stickers anticonformistes qui prennent en considération les contraintes, les lois et les limites de notre société.
Une dizaine d’autres personnages éclectiques s’est laissée porter par l’exemple de Clet, en préconisant chacun des principes différents. Blub (@blubfriends) veut démontrer que « l’art peut nager ». Il invite ses observateurs à abandonner les peurs, tout en prenant conscience de leurs propres capacités. Ses sujets contemporains, ou historiques, présentent des accessoires qui renvoient à l’univers marin sur un fond habituellement bleu clair. Avec ses bonhommes stylisés, Exit/Enter (@exit.enter.k) s’inspire de la sacralité et de l’énergie émanée par le soleil. Hopnn (@yuri_hopnn) promeut la « Velorution » des bicyclettes en centre-ville, étant le moyen de transport urbain le plus écologique, sain et durable. Son code de couleur : blanc et rouge. Le jeune Jamesboy (@jamesboywashere), aux origines sud-américaines, colle aux murs ses animaux bariolées, gardiens de l’espace. Il Sedicente Mordadi (@sedicentemoradi) se consacre aussi aux créatures fantastiques qu’il place tout le long de l’Arno, et à l’art du pochoir. Maria Micozzi, Iguarnieri, Giovanni De Gara, Ninjaz… La liste est longue et toutes ces œuvres sont retraçables dans un parcours inédit du centre historique où certains d’entre eux ouvrent leur atelier au public.
Quand le street art rencontre la haute bourgeoisie
Mouvement qui bouillonne à Florence, le street art a également attiré l’attention d’un hôtel 5 étoiles sur les collines de Fiesole, à une vingtaine de kilomètre du centre-ville. La Villa San Michele a ainsi fait appel à ces artistes pour qu’ils créent des œuvres ad hoc pour décorer ses espaces communs. Cela n’est pas contre les principes d’un street artist ? « Heureusement dans l’art, on travaille sur commande depuis toujours » affirme Il Sedicente Moradi. Oui, les références à la Renaissance reviennent souvent dans le discours lorsqu’on parle avec un artiste local. « Le travail sur commande peut être accepté à partir du moment où on continue à véhiculer son message sans le dénaturer », rajoute Clet, en accord avec Il Sedicente Moradi : « Il faut bien payer son loyer ! ». Un défi pour ceux qui préfèrent garder leur anonymat, mais c’est aussi une opportunité pour que la haute bourgeoisie rencontre l’art de la rue…