The Good Business
En sept ans seulement, 10 Design s’est imposé comme un cabinet qui compte à Hong Kong et pourrait remporter l’impressionnant chantier du waterfront. Gordon Affleck, son fondateur, nous dévoile ses secrets pour changer le visage du port de sa ville d'adoption. Rencontre.
En 2013, trois ans seulement après sa création, 10 Design entrait au classement des plus grandes firmes d’architectes de la planète grâce à ses 96 employés et son chiffre d’affaires de 29 millions de dollars. Aujourd’hui, ils sont 140 à travailler pour ce cabinet aux grandes ambitions et aux armoires remplies de plus de 30 récompenses. En septembre dernier les équipes de l’Anglais Gordon Affleck remportaient un gigantesque projet de développement urbain à Zhuhai, tout près de Hong Kong. En juin, 10 Design révélait ses plans pour l’urbanisation de 550 hectares de front de mer à Jefaira en Egypte. Avant de s’attaquer au fameux waterfront de Hong Kong ?
Rencontre avec celui qui s’éclate autant à redéfinir le paysage de sa ville d’adoption qu’à imaginer des projets fous aux Emirats.
The Good Life : Vous êtes basé à Hong Kong mais travaillez beaucoup au Moyen-Orient et dans le Mainland China. Quelles sont les différences majeures quand on est architecte ?
Gordon Affleck : Les Emirats arabes unis et la Chine, par exemple, sont beaucoup moins conservateurs dans leurs approches du développement urbain. Ils sont plus enclins à repousser les limites du possible, tout en restant attachés à leurs contextes culturels respectifs. Le challenge est très intéressant ! A Hong Kong, la construction est avant tout une nécessité, on manque de place.
The Good Life : Quelle place prend l’écologie dans votre processus créatif ?
Gordon Affleck : A force de travailler au Moyen-Orient, on apprend à s’adapter aux conditions climatiques et environnementales ! (rires) Cela a toujours fait partie de ma réflexion en amont, avant tous mes projets. A Hong Kong, les impacts de l’urbanisation sont évidents, l’écologie est dans toutes les têtes. C’est une ligne directrice que l’on s’efforce de suivre, l’enjeu est trop important.
TGL : Justement, quel est votre avis sur l’évolution récente de l’urbanisation à Hong Kong ?
G.A. : Il y a une réelle volonté d’améliorer de la qualité de vie des citadins. Le développement du front de mer, des deux côtés du port, est un grand pas en avant par exemple, mais il n’est pas près de voir le jour. Idem pour le West Kowloon Cultura District, dont on parle depuis plus de 20 ans et qui n’est toujours pas sorti de terre. Le projet avance, on nous le promet pour dans quelques années… Ce serait enfin un vrai hub culturel et ouvert à tous au cœur de la ville, une respiration.
TGL : Pourtant, vous m’avez confié votre amour de la skyline hong-kongaise…
G.A. : Normal, c’est un chef d’œuvre ! Les immeubles, pris un par un, ne sont pas extraordinaires pour la plupart, mais l’ensemble est parfait ! Vue du Peak, avec les forêts alentours, c’est tout simplement incroyable. Parmi les buildings, il y en a un que j’aime particulièrement, c’est le Lippo Centre. On imagine une famille de koalas qui grimpe à son eucalyptus, et son originalité dénote avec le reste de la ville.
TGL : Revenons à votre proposition pour le développement du front de mer, quels sont vos arguments pour changer le visage du port de Hong Kong ?
G.A. : C’est notre plus gros projet ! Nous avons proposé de créer de nouvelles infrastructures mais aussi lier le port à la ville, intégrer des espaces publics, construire un nouveau récif, mettre au point des stratégies pour traiter les eaux et même une nouvelle plage, filtrée, turquoise et accessible à tous. C’est la ville qui est venue nous chercher pour que l’on propose cette alternative, voyant notre réussite dans d’autres projets du même type comme le waterfront de Jefaira en Egypte. Notre étude est terminée depuis 2015, les autorités sont en pleine réflexion… Affaire à suivre !
TGL : La croissance du cabinet est exponentielle, quelle est la prochaine étape ?
G.A. : Nous avons beaucoup travaillé sur les marchés émergents, en Asie et au Moyen-Orient, dans plus de 50 villes, surtout parce que les membres fondateurs de 10 Design étaient des experts de ces régions. Aujourd’hui, notre réputation est solide, et c’est l’occasion de se lancer sur des marchés plus bouchés mais tout aussi passionnants, l’Europe en tête.
10 Design en chiffres
Année de création : 2010.
Employés : 140, de 25 nationalités différentes.
Villes accueillant des projets 10 Design : 50.
Studios : 5 (Hong Kong, Shanghai, Edinbourg, Dubaï, Seoul).
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