The Good Business
On l'appelle souvent la marque au « B ailé ». Autant dire que la relation entre la maison horlogère et le monde aérien est plus que ténue. Breitling a ainsi parrainé la restauration d'un magnifique Douglas DC-3 des années 40. Le mythique coucou vient de s'envoler pour un tour du monde de sept mois, au cours duquel les aficionados seront invités à monter à bord.
Pour bon nombre d’amateurs, porter une montre de la manufacture suisse de Saint-Imier implique d’avoir le cœur et l’âme accrochés aux nuages. La passion aérienne est clairement inscrite dans l’ADN de la marque (@breitling). Les chronographes maison sont les préférés des aviateurs depuis des décennies. Mais dans la réalité, les fans ont du mal à vivre intensément leur attrait pour l’aérien. Voler à bord d’autre chose qu’un Airbus A320, qui est à l’aviation ce que l’autocar Van Hool est à l’automobile, n’est pas simple à réaliser. Les opportunités sont rares, et quand elles se présentent, les prix calment les ardeurs.
Breitling a donné ses couleurs à un mythique Douglas DC-3. Cela est est en partie pour répondre à l’insatisfaction de ses plus fervents supporters. Surnommé « l’avion du débarquement », le Douglas DC-3 est un bimoteur à hélice présenté pour la première fois en 1935. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sert au transport de troupes alliées. L’exemplaire en question a été restauré par des amateurs américains avec le soutien de Breitling. Vendu en 1940, il sert dans la United States Air Force de 1942 à 1944. En juin 1944, il participe au largage de milliers de parachutistes sur les côtes normandes. La paix revenue, il est reconverti en avion de ligne. Le glorieux appareil dispose en effet d’une vaste cabine pouvant accueillir une quarantaine de passagers.
Lockheed L-1049 Super Constellation
L’horloger suisse a déjà soutenu, voilà une douzaine d’années, un groupe de passionnés qui ont fait renaître un autre avion de légende : le Lockheed L-1049 Super Constellation, l’un des deux exemplaires encore en état de vol. Avec ses faux airs de dauphin et sa triple dérive de gouvernail arrière, ce quadrimoteur à hélice, lancé en 1943, ne ressemble à aucun autre. A l’époque, il est souvent utilisé pour des vols transatlantiques, ce qui lui vaut son surnom de « roi de l’Atlantique ». L’exemplaire en question, qui date de 1955, arbore désormais les couleurs de Breitling et participe régulièrement à des événements. Cette première restauration prouve que la marque s’intéresse depuis longtemps à la conservation du patrimoine volant.
Sur les 16 000 exemplaires produits, il ne resterait que 150 Douglas DC-3 en état de voler
L’avion de Breitling est l’un d’eux. Le bel oiseau américain, tout rhabillé de frais, répond désormais aux normes de sécurité actuelles. Il s’est élancé de Genève pour boucler, en mars, un tour du monde de sept mois, le DC-3 World Tour. Au cours de son périple, il effectuera une cinquantaine d’escales, au Moyen-Orient, dans le Sud-Est asiatique, en Amérique du Nord et en Europe. Il se posera notamment à Tel-Aviv, à Dubaï, à Nagpur, à Singapour, à Kobe, à Dallas, à New York et à Vienne, et stationnera à Paris, à l’aéroport du Bourget, du 4 au 6 septembre. Ces escales seront l’occasion d’organiser des événements et de participer à des manifestations aériennes. L’appareil rentrera ensuite en Suisse pour participer au meeting Breitling Sion Airshow (du 15 au 17 septembre), dans le Valais. A chacun de ses arrêts, l’icône des airs accueillera des passagers pour de petits vols de démonstration. Quelques clients privilégiés auront la chance d’effectuer certains tronçons de ce tour du monde. Le souvenir d’une telle balade dans les airs comme dans le temps restera longtemps gravé dans les cortex des passionnés. Un voyage en avion ancien est une sacrée expérience. Il faut dire qu’à bord le dépaysement est garanti !
3 questions à Aude Lemordant
Elle conduit des Boeing dans le ciel comme d’autres des Twingo pour aller au supermarché et elle est championne du monde 2013 et 2015 de la discipline. Seule ambassadrice de Breitling, elle se place dans la grande lignée des femmes qui ont marqué l’histoire de l’aéronautique.
The Good Life : Comment tout cela a‑t‑il débuté ?
Aude Lemordant : Petite fille, j’habitais à Grenoble, juste au-dessous de la trajectoire empruntée par les avions qui tractaient les planeurs. J’étais fascinée. Mon père m’offre une première initiation à 14 ans. Curieusement, la législation permet de conduire un planeur à cet âge. Deux ans plus tard, je décroche mon brevet, soit bien avant le permis de conduire. Se retrouver toute seule au milieu des nuages a été pour moi une excellente école pour me responsabiliser. Plus tard, je fais l’ENAC [École nationale de l’aviation civile, NDLR] et, à 21 ans, me voilà pilote chez Air France. Comme je faisais très jeune, certains passagers ne voulaient pas croire que j’allais piloter leur avion ! Durant la formation initiale, nous avions un module intitulé « positions inusuelles ». L’instructeur plaçait un petit avion dans des situations saugrenues pour que nous le rattrapions. Cela ressemblait à de la voltige. C’était sportif, ça m’a tout de suite plu. Alors
je me suis lancée dans la voltige aérienne. Pour les compétitions, c’est un peu comme au patinage artistique : des juges scrutent notre programme depuis le sol et nous décernent une note. Nous devons être très précis. Notre vol est prévu à la seconde près. Il faut également des qualités sportives. En quelques minutes, on prend beaucoup de G. C’est très physique.
TGL : Comment devient-on ambassadrice Breitling ?
A. L. : Je remporte mon premier championnat du monde en 2013, au Texas. Je gagne une montre Breitling Chronomat. La direction de l’horloger m’invite à un événement avec la patrouille de France. Sur place, l’équipe dirigeante me demande quel est mon projet. Je leur réponds que je veux remettre mon titre en jeu. Le courant passe et ils décident de me soutenir. Breitling est une marque encore familiale et cela me plaît. Il y a une relation de proximité. Mon sponsor ne se contente pas de donner une enveloppe, il me fournit un accompagnement sur la durée.
TGL : Est-ce difficile d’être une femme dans l’aviation ?
A. L. : Il y a toujours eu des femmes dans l’aéronautique. C’est une tradition. Avant moi, Catherine Maunoury a remporté deux titres de voltige, en 1988 et 2000. Elle m’a beaucoup marquée. Je suis actuellement enceinte. Je m’étais dit : « Quand j’aurai un enfant, je m’arrêterai. » Mais je ne peux plus me passer de mon avion. De plus, je pense que les femmes d’aujourd’hui parviennent à concilier vie de famille et résultats. Du coup, je serai de retour dès 2018, pour les championnats d’Europe.
Enfin, Breitling profite de cet envol pour présenter une édition de la Navitimer 01 (abréviation de « navigation » et de « timer »), limitée à 500 exemplaires. Elle s’inspire du modèle mythique né en 1952, connu pour sa règle à calcul circulaire qui permet aux aviateurs de déterminer les temps de montée ou encore la consommation d’un aéroplane. Elle voyagera à bord du fameux coucou pendant ce tour du monde et chaque exemplaire sera accompagné d’un certificat signé du commandant de bord.
Extra 330 SC
Né en 2007, cet avion de voltige ultraléger est fabriqué par Extra Aircraft en Allemagne. Il s’agit d’un monomoteur monoposte à hélice destiné à la compétition. Il coûte autour de 400 000 €. Aude Lemordant, qui en possède un, le compare à une monoplace de formule 1. L’Extra 330 SC est animé par un puissant moteur AEIO-580 de 315 ch et recouvert d’une carrosserie légère en acier et carbone. Il ne dépasse pas 585 kg à vide. « Cet avion propose un rapport poids/puissance assez phénoménal. La sensation de vivacité à son bord est extraordinaire, se félicite Aude Lemordant. L’avion accélère fort et fait preuve d’une maniabilité extrême. » Autant de qualités essentielles pour enchaîner les figures. Ce coucou est aussi utilisé par l’équipe de voltige de l’armée de l’air française.
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