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Snøhetta, artistes et architectes
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The Good Business

Snøhetta, architectes (ou artistes ?) à la productivité impressionnante

The Good Business

Rien qu’en 2016, le cabinet d’architectes scandinave Snøhetta dévoilait Lascaux IV en Dordogne et le SFMOMA à San Francisco. Deux bâtiments très attendus dont les silhouettes mêlent art, histoire et environnement, comme sait si bien le faire cette firme qui fonctionne comme une communauté et qui s'exporte partout... jusqu'aux nouveaux billets de banque norvégiens !

Depuis près de 30 ans, Snøhetta sème partout sur le globe, à un rythme effréné, ses buildings fonctionnels sans être ternes, contrastants mais pertinents. Le cabinet d’Oslo fondé par le Norvégien Kjetil Thorsen et l’Américain Craig Dykers peut se vanter d’avoir mené à bien plus de 500 projets depuis 1989. Une productivité qui impressionne, et une cadence qui ne faiblit pas. Les équipes de la firme scandinave travaillent en ce moment sur une cinquantaine de commandes. Parmi elles, la transformation des locaux de l’ancien Noma à Copenhague, considéré comme l’un des meilleurs restaurants du monde, en un nouvel établissement, Barr, aux lignes brutes, tout en  camaïeu de bois et en poutres massives. Il ouvrira le 5 juillet prochain.

A gauche Kjetil Thorsen et à droite Craig Dykers, fondateurs de Snøhetta.
A gauche Kjetil Thorsen et à droite Craig Dykers, fondateurs de Snøhetta. DR

L’histoire de Snøhetta commence en 1989, quand les deux compères tout juste sortis de l’école – Kjetil en Autriche et Craig au Texas – remportent le chantier de la nouvelle bibliothèque d’Alexandrie. Inaugurée en 2001, cette version 2.0 de l’un des monuments les plus célèbres de l’antiquité fait entrer le cabinet dans la cour des grands. En 2000 on leur confie alors la sortie de terre du Norwegian National Opera and Ballet, qui semble flotter et s’enfoncer dans les fjords osloïtes comme un iceberg. Deux immenses projets multirécompensés qui vont mener les Norvégiens sur le sol étasunien. Ce sont eux qui ont eu la lourde tâche de concevoir le pavillon du September 11 Memorial Museum à Ground Zero, inauguré en 2014. Une exportation qui poussera l’ouverture, à New York, d’un second bureau Snøhetta.

Bibliotheca Alexandrina, complétée en 2001, Egypte.
Bibliotheca Alexandrina, complétée en 2001, Egypte. Gerald Zugmann

Sur sa lancée, la firme enchaîne les projets grandiloquents. Derniers en date, le nouveau SFMOMA à San Francisco, ou encore Lascaux IV en Dordogne, à Montignac. Ce dernier, un projet aux lignes ultramodernes, paraît pourtant se trouver là depuis toujours, entre les chênes et les bruyères. Autre projet impressionnant, la remise à neuf de Times Square. Dans ce lieu mythique, Snøhetta a imposé sa patte, avec des pavés aux formes géométriques irrégulières, et des bancs publics revisités. Un chantier long de six ans, qui n’est pas encore terminé, mais qui pourrait être le plus abouti du cabinet. Tout en étant, paradoxalement, le plus discret.

Le musée Lascaux IV, complété en 2016, France.
Le musée Lascaux IV, complété en 2016, France. Boegly + Grazia

Mais s’il y a un projet ambitieux, en cours de développement, dont Kjetil Thorsen a voulu nous parler, c’est le Harvard HouseZero. « le Harvard Center for Green Buildings, est un bâtiment des années 40 que nous allons transformer en l’un des buildings les plus durables et écologiques de la planète ». Le but ? Prouver qu’il est déjà possible, à partir des constructions existantes, de changer nos habitudes. Ventilation 100 % naturelle, alimentation à l’énergie solaire et bien entendu zéro émission de CO2… ce building produira de l’énergie supplémentaire, équivalente,  voire supérieure à celle utilisée pour sa rénovation.

National September 11th Memorial Museum Pavilion, complété en 2014, Etats-Unis.
National September 11th Memorial Museum Pavilion, complété en 2014, Etats-Unis. Jeff Goldberg

Comprendre et s’adapter : la méthode Snøhetta

Anciennes, récentes et prochaines réalisations de Snøhetta ont toutes au moins un point commun : elles se font remarquer en s’immergeant admirablement dans leur environnement. Plus qu’une caractéristique, c’est la marque de fabrique du cabinet norvégien, comme l’explique Kjetil Thorsen : « Nous sommes comme des ‘conceptualistes contextuels’ qui s’inspirent du climat, de la culture et de l’histoire du lieu, pour rendre la présence de notre projet naturelle et inhérente. » Tout en gardant son style propre, fait de lignes aiguisées, de façades réfléchissantes et de matériaux cohérents avec les paysages alentours, urbains ou naturels.

Snøhetta s’occupe aussi de plus petits projets, mais toujours avec la même attention comme ici The 7th Room, pour Treehouse Hotel en Suède, complété en 2017.
Snøhetta s’occupe aussi de plus petits projets, mais toujours avec la même attention comme ici The 7th Room, pour Treehouse Hotel en Suède, complété en 2017. Johan-Jansson

Pour obtenir ce résultat, il a fallu repenser la méthode de travail. Ainsi, Thorsen et ses équipes ont mis en place un système collaboratif innovant. « Au sein du cabinet, nos architectes travaillent avec des designers, paysagistes, ingénieurs, urbanistes mais aussi des sociologues et psychologues ». Un panel très large de spécialistes qui permet de comprendre au mieux l’environnement autour des projets. Et pour les faire travailler ensemble, cet amoureux de la Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Le Corbusier a inventé un modèle : le transpositioning. « Tous les intervenants au projet, clients inclus, échangent leurs postes pendant le processus créatif. » Ainsi, chacun exprime son point de vue, en dehors de sa zone de confort et sans a priori.

Un glaçon posé en pleine rue à Toronto ! Ryerson University Student Learning Center, complété en 2015, Canada.
Un glaçon posé en pleine rue à Toronto ! Ryerson University Student Learning Center, complété en 2015, Canada. Younes Bounhar & Amanda Large

Avec de telles méthodes, imaginées pour parer toute erreur de jugement ou de calcul, on pourrait penser que Kjetil Thorsen est obsédé par la perfection. Pourtant, quand on lui demande sa vision de la ville parfaite, justement, il coupe tout de suite. « La ville est basée sur l’imperfection, elle reflète l’humain à travers ses défauts comme ses succès ». Il se lance tout de même, et nous dresse le portrait-robot de sa cité idéale. « Neutre en carbone, évidemment, plurielle dans son contenu et hybride dans sa fonction ». En bref, une smart city à l’européenne comme on en rêve à Paris ou à Barcelone.

Si le futur de nos métropoles le passionne, qu’en est-il de son propre cabinet ? « Snøhetta a été créé pour durer plus longtemps que nous, ses fondateurs. Nous allons inclure encore plus de professions au sein de la firme, et recruter partout dans le monde, pour devenir des locaux, peu importe où nous nous trouvons. » Avec 30 nationalités déjà représentées au sein de l’entreprise, c’est en bonne voie.

Times Square Reconstruction, Etats-Unis.
Times Square Reconstruction, Etats-Unis. Michael Grimm

En attendant, deux projets chauds devraient voir le jour prochainement. Les locaux de Le Monde, à Paris, dont l’inauguration est prévue en 2018 et… les nouveaux billets de banque norvégiens qui entreront en circulation au cours de l’année 2017. Décidemment, Snøhetta est partout.

Snøhetta en chiffres

Les bureaux de Snohetta Oslo

Année de création : 1989.

Disciplines : architecture, paysage, architecture d’intérieur, design, graphisme.

Nombre de salariés : 180, de 30 nationalités différentes, 56% d’hommes et 44% de femmes.

Âge moyen : 38 ans (entre 22 et 66 ans).

Bureaux à : Oslo, New York City.

Studios à : San Francisco, Innsbruck, Stockholm, Adelaide.

Nombre de projets complétés : Plus de 500.

Nombre de projets en cours : Plus de 50.

                                                                                                                   

Snøhetta Oslo
Akershusstranda 21, Skur 39
Tel. +47 24 15 60 60
www.snohetta.com

 

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