The Good Business
Conçue par le cabinet d’architecture Cazes-Conquet (CA&CO), la boutique parisienne de l’horloger indépendant Parmigiani Fleurier reflète parfaitement l’esprit de cette singulière manufacture. Rencontre avec Frédéric Tempier, Brand Manager France et Benelux.
A Paris, la plupart des grands horlogers jouent des coudes entre la place Vendôme et celle de l’Opéra, Parmigiani Fleurier a préféré s’installer côté jardin, au Palais-Royal. The Good Life a rencontré Frédéric Tempier, son Brand Manager France et Benelux pour en savoir plus.
The Good Life : Étonnant emplacement que le Palais-Royal, pour un horloger…
Frédéric Tempier : Les marques sont presque toutes réunies autour de la place Vendôme. Nous avons préféré nous implanter au cœur du très élégant quartier du Palais-Royal, où on ne nous attendait pas. Ce lieu historique, en plein cœur de Paris et agrémenté de jardins, constitue un ensemble patrimonial unique. Avec ses arcades couvertes, cet endroit est considéré comme le premier centre commercial du monde. C’est d’ailleurs là que les grands horlogers se sont installés aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le quartier est piétonnier, nos clients, des initiés, font donc la démarche de venir jusqu’à nous. Ce site original correspond parfaitement à la personnalité insolite de notre enseigne. Nous restons, en effet, l’une des rares maisons encore totalement indépendantes. Et surtout, nous sommes une manufacture. Depuis nos débuts, en 1996, nous avons fait le choix de la verticalisation. Aujourd’hui encore, nous produisons toutes nos pièces en interne, hormis les bracelets en cuir [la plupart viennent de chez Hermès, NDLR] et le verre de nos montres. Le challenge est colossal, mais en vaut la peine.
TGL : Quel est le rôle de ce point de vente ?
F. T. : Paris est un marché important pour l’horlogerie de luxe. Il était donc primordial de disposer d’un pied-à-terre pour asseoir notre visibilité. Nous y accueillons nos clients depuis 2015, au centre d’un environnement exceptionnel. La boutique, d’une cinquantaine de mètres carrés, avec une vue splendide sur les jardins, fait l’impasse sur le traditionnel comptoir de vente. L’endroit est aménagé dans le style « salon contemporain décontracté ». Les clients sont invités à s’asseoir dans des canapés moelleux, face à une table basse sur laquelle une boisson les attend. Aujourd’hui, ce point de vente « d’exception » réalise près de 20 % du chiffre d’affaires annuel de la marque en France. Il nous sert également à constituer notre fichier clients. Un certain nombre de Français possèdent une montre Parmigiani (@parmigianifleurier). Ils viennent nombreux nous rendre visite pour l’entretien ou les réparations de leur garde-temps. Le point de vente a aussi pour mission de soutenir les détaillants. Nous disposons, en effet, d’un bureau annexe qui abrite le stock France, composé d’une cinquantaine de montres. Cela permet de répondre rapidement aux demandes des revendeurs.
TGL : Y proposez-vous des produits spéciaux ?
F. T. : Nous avons déjà créé des séries limitées, de 5 à 10 pièces, réservées à la boutique. Il s’agit de conserver à ces modèles leur caractère exclusif. Sur place, nous organisons aussi des événements, notamment des soirées, qui sont l’occasion d’accueillir clients et prospects.
TGL : Est-ce la seule boutique Parmigiani Fleurier ?
F. T. : Non, la première a été ouverte à Munich en 2012. Mais notre plus grand point de vente se trouve à Londres. Implanté dans le quartier de Mayfair, il a ouvert en 2013. Nous disposons aussi d’un important pied-à-terre à Miami, le deuxième en superficie après Londres. A Paris, nous pourrions, à terme, nous rapprocher de l’avenue Matignon, où se trouvent déjà les horlogers Richard Mille et F. P. Journe. Le quartier est chic et dynamique.
TGL : Et le business, alors ?
F. T. : L’année 2016 a été assez dure. La fréquentation des touristes à Paris a baissé après les attentats de 2015. Cela a bien entendu pesé sur les résultats. Pourtant, depuis la fin de l’année dernière, nous constatons une belle reprise, tandis que notre collection a rencontré un très beau succès au dernier Salon international de la haute horlogerie (SIHH), qui se tient chaque année à Genève. Nous proposons désormais une Tonda sur acier à 8 950 euros, beaucoup plus abordable qu’auparavant. La Bugatti Aérolithe, pour sa part, est déjà sold out quelques mois après son lancement. Tout cela est de très bon augure pour 2017.
Dates clés
- Fondateur : Michel Parmigiani.
- Siège : Fleurier (Suisse).
- Depuis 1972 : restauration de montres et pendules anciennes.
- 1996 : reprise par la Fondation Sandoz.
- 1998 : première participation au SIHH.
- 2012 : ouverture de la première boutique à Munich.
- 2015 : ouverture de la boutique parisienne.
- Production : environ 5 000 montres par an.
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