Culture
Il y a quelques mois, le violoniste israélien revenait à la Philharmonie de Paris avec une version des deux concertos pour violon et orchestre de Serge Prokofiev. The Good Life en a profité pour le rencontrer et lui poser quelques questions.
Après un CD consacré au compositeur allemand Max Bruch, le violoniste Vadim Gluzman revient avec une version des deux concertos pour violon et orchestre de Serge Prokofiev. Il est aux côtés de l’Orchestre symphonique national estonien, placé sous la direction du grand chef d’orchestre Neeme Järvi, père de Paavo Järvi, ancien directeur musical de l’Orchestre de Paris. The Good Life l’a rencontré en occasion d’un concert à la Philharmonie de Paris.
The Good Life : Parlez-nous de Neeme Järvi, avec lequel vous avez enregistré ces deux concertos de Prokofiev…
Vadim Gluzman : Jouer avec lui, c’est comme jouer avec un frère, un frère en musique… Il est une inspiration constante. Il va avoir 80 ans, mais il est comme un enfant qui s’extasie devant la musique. J’ai énormément interprété les deux concertos pour violon de Prokofiev, avec différents orchestres ou chefs. Jouer avec des inconnus enrichit aussi ma conception de l’œuvre.
TGL : Ces deux concertos ont été composés à près de vingt ans d’intervalle…
V. G. : Le premier a été composé en 1915-1917, et le second, en 1935. Le premier, créé à Paris, sonne plus « français ». Le deuxième a été écrit alors même que Prokofiev composait Roméo et Juliette. Il a utilisé des thèmes dans le concerto pour violon qu’il a écartés de son ballet. Pour moi, beaucoup de traits, au violon ou à l’orchestre, sont inspirés par la danse. On a souvent une idée « motorique » de la musique de Prokofiev, on retient parfois le côté ironique de ses compositions. Or, c’est une musique lyrique, avec des mélodies émouvantes. C’est un compositeur avec beaucoup de visages.
TGL : L’intérieur de votre étui de violoniste est orné par les photos de deux grands artistes…
V. G. : Oui, David Oïstrakh et Henryk Szeryng. Je les aimais quand j’étais enfant, puis adolescent. Devenu adulte et père, je les ai toujours autant aimés. Ce sont des exemples, leur relation au son est proche de l’idéal. Szeryng est connu pour ses sonates et ses Partitas de Bach. L’un de ses enregistrements que je préfère est le concerto de Khatchatourian, l’orchestre étant dirigé par George Szell.
TGL : Qu’en est-il d’œuvres contemporaines ?
V. G. : Cela me passionne. J’adore le travail avec les compositeurs. Imaginez si, aujourd’hui, nous avions la chance de nous adresser à Beethoven et de lui demander ce que signifie exactement telle ou telle nuance sur la partition d’une sonate. Et puis, c’est formidable, de susciter des œuvres. Pensez un instant : si Brahms n’avait pas composé son concerto pour violon pour son ami violoniste Joseph Joachim, aujourd’hui, cette œuvre romantique n’existerait pas ! Ce serait une tragédie ! Joseph Joachim n’a pas suscité que des chefs-d’œuvre, et nous n’interprétons pas que des chefs-d’œuvre, mais sans lui, des créations majeures n’auraient jamais été composées.
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