The Good Business
Ils sont à la tête d’entreprises ou de départements clés dans des secteurs de pointe. Didier Leroy, le numéro deux de Toyota, la première dirigeante du CAC 40, Isabelle Kocher et le chirugien Olivier Scatton font bouger les lignes.
Didier Leroy, le « non-Japonais » qui fait rouler Toyota (@ToyotaFrance)
Il défie tous les codes d’accès aux plus hautes fonctions d’un étranger sur l’Archipel : ne pas être japonais, ne pas parler japonais… et devenir le numéro deux de Toyota, l’un des 4 vice-présidents auprès d’Akio Toyoda, le patron. Son nom : Didier Leroy. À 58 ans, ce ch’ti diplômé de l’Ecole supérieure des sciences et technologies de l’ingénieur de Nancy (ESSTIN) aligne trois fiertés à son compteur : avoir gagné le pari d’une fabrication française rentable, avoir redressé Toyota au lendemain de la crise des subprimes, et se voir aujourd’hui confier le volant de la compétitivité du groupe. En ligne depuis Tokyo, frais comme un gardon après une série de sauts de puce à travers le globe, Didier Leroy se souvient : « J’étais chez Renault, dans l’équipe de Carlos Ghosn, quand le directeur de la fabrication monde de Toyota m’a proposé de créer l’usine de Valenciennes et d’en faire un site rentable. Sur le coup, je tombais des nues ! J’ai su par la suite qu’il me suivait depuis deux ans… » Et Carlos Ghosn de s’être ainsi fait chiper Didier Leroy. C’était en 1998. Depuis, ce grand passionné n’a cessé de monter en puissance… tout en restant lui-même. « Ne travaillez pas pour faire plaisir à votre patron ! » lance‑t‑il à ses ingénieurs.
Isabelle Kocher (@isabelle_kocher), première dirigeante du CAC 40
Le coup de griffe dont elle a été l’objet lors de sa nomination attendue à la tête d’Engie (ex-GDF Suez) en mai 2016 – un titre de directrice générale en lieu et place de celui de présidente qui lui avait été promis – ne trompe personne : la patronne du géant du gaz et de l’énergie (23 millions de clients, 70 pays), c’est elle, Isabelle Kocher. Armée d’un CV d’élite – normalienne, première à l’agrégation de physique, ingénieure des Mines –, cette Versaillaise élevée au sein d’une fratrie de polytechniciens pour qui la réussite est un mot d’ordre a accompli un fulgurant parcours au sein de Suez, de directrice de la Lyonnaise des Eaux à directrice financière de GDF Suez en 2011. Et ce n’est pas tout : cette élégante femme de 50 ans, mère de 5 enfants, dont les proches admirent l’impressionnant self‑control, est aussi (la nuit ?) une nageuse et une pianiste émérite. Pour Engie, qui projette d’investir 22 Mds € en trois ans, la stoïque boss entend faire de ce mastodonte l’un des leaders mondiaux de cette « révolution énergétique » du renouvelable et du numérique. « Penser loin et aller vite ! » lance Isabelle Kocher à son staff. On la croit sur parole.
Olivier Scatton, chirugien expert de la greffe du foie
L’allure accessible du personnage tranche avec l’inaccessibilité de sa spécialité : la greffe du foie, l’un de gestes chirurgicaux les plus difficiles à accomplir et dont l’impact – sauver des vies jugées perdues – confine au miracle médical. À 45 ans, l’éminent mais juvénile chirurgien du service hépatologie arpente les couloirs de la Pitié‑Salpêtrière, blouse blanche ouverte, sourire aux lèvres. Sous l’avenante carapace se cache un consciencieux qui « refait l’opération vingt fois dans sa tête », dira-t-il à Paris‑Match, un obsédé de cette gestuelle qu’il exécute face à l’écran, cette « danse entre la tête et les mains » dont il a acquis une maîtrise jugée exceptionnelle. À l’opposé d’une médecine déshumanisée, Olivier Scatton punaise les photos de ces rescapés du cancer, ces survivants dont il suit la vie postopératoire, de la phase de la première greffe à celle de la retransplantation, dix ou vingt ans plus tard, quand l’organe greffé accuse la fatigue… Presque aussi admirable que sa vélocité : le chirurgien, dont le réveil sonne tous les matins à 6 heures, est marié à une chirurgienne. Et ils ont quatre enfants !
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