The Good Business
L’Olympique lyonnais n’est pas le premier club d’Europe à devenir propriétaire de son stade, loin de là. Mais, en France, il fait figure d’exception. À l’instar de ses grands rivaux que sont la Juventus de Turin, Arsenal (Londres) ou le Bayern de Munich, il récolte ses premiers juteux retours sur investissements.
« Je l’ai, mais à quel prix ! Cent sept procédures judiciaires ou administratives contournées et près de dix années de combat. Il faut être tenace, je l’avoue, pour réussir ce qui restera comme le premier stade français financé par le privé. » Ainsi s’exprimait Jean-Michel Aulas (@JM_Aulas), président de l’Olympique lyonnais (OL) depuis 1987, quelques jours avant l’inauguration du Grand Stade de Lyon, en janvier 2016. Cette enceinte de 59 000 places – troisième plus grand stade français et vingt-septième européen – a été pensé par le studio d’architecture américain Populous pour accueillir des événements sportifs, certes, mais aussi des concerts et de grandes manifestations.
Propriété de la société OL Groupe, la holding propriétaire du club, il est équipé de caméras manœuvrables à distance et propose aux spectateurs munis de smartphones de piloter des ralentis, de revoir des actions de jeu ou même de commander leur en-cas de la mi-temps. Ici, afin d’augmenter les débits et d’éviter les files d’attente dans les boutiques, tous les paiements se font sans contact. Ce stade multifonction a accueilli les matchs de l’Euro 2016, ceux des finales de la Coupe d’Europe de rugby et est formaté aux dimensions de la Coupe du monde de football féminin, attendue pour 2019. Il est aussi une importante affaire d’argent…
Supporters ultraconnectés
Dès sa construction, le stade lyonnais a embarqué une batterie de nouvelles technologies censées garantir une expérience unique à ses supporters. L’application Parc OL permet de consulter le calendrier des événements, de réserver des places, de commander à boire ou à manger depuis son siège (éventuellement de se faire livrer), de suivre les statistiques du match en temps réel ou de recharger la carte de paiement sans contact MyOL. « Nous réfléchissons à d’autres services, indique Xavier Pierrot, stadium manager de l’OL. Par exemple, pour booster encore l’ambiance ou être plus réactifs sur les tifos. » Cette dématérialisation des relations permet aussi au club d’en apprendre davantage sur les habitudes de ses supporters, voire de favoriser leur consommation au moyen d’alertes mobiles personnalisées.
Ces dernières années, en effet, nombreux sont les clubs européens à s’être dotés d’enceintes flambant neuves, qu’ils exploitent, rentabilisent et dont ils tirent, pour la plupart, d’importants revenus additionnels. Superpuissance de la scène italienne, la Juventus a engrangé 23,5 millions d’euros supplémentaires en 2011-2012, juste après l’inauguration de son Juventus Stadium, qui n’est pourtant que le huitième du pays en termes de capacité.
Le club a augmenté le prix des abonnements, créé des loges VIP, des bureaux et même un centre commercial. De quoi continuer à s’offrir les plus grands joueurs de la planète (en août dernier, l’Argentin Gonzalo Higuaín a débarqué en échange de 90 millions d’euros).
Au Royaume-Uni, Arsenal s’est payé son Emirates Stadium pour rester compétitif dans un championnat considéré comme l’un des plus prestigieux et des plus populaires du monde en nombre de téléspectateurs. Les retours sur investissement de cet équipement (qui a coûté 275 millions d’euros) ont dépassé toutes les attentes. Non seulement le stade est amorti, mais il a propulsé le club dans le gotha de la finance footballistique, y compris lors de saisons vierges de titres.
Il est une machine à cash dont se félicite la compagnie aérienne Emirates, partenaire de l’équipe anglaise depuis 2004, qui a de nouveau investi 173 millions d’euros pour prolonger sa relation avec le club jusqu’en 2018-2019. Tout aussi remarquables sont les résultats du Bayern Munich avec son Allianz Arena, inaugurée en 2004 et remboursé en moins de dix ans ! Une structure qui produit un cash-flow dont les dirigeants de l’OL rêvent tout haut.