The Good Business
Lorsque l’Al Riwaq Art Space, fondé par la mécène Bayan Kanoo, s’est installé en 1998 dans le Block 338 de Manama, capitale de Bahreïn, il n’y avait rien ou presque. Presque 20 ans plus tard, il est devenu le quartier tendance et arty de la ville. Rencontre avec Nadya Al-Maskati, coordinatrice de projets de ce hub culturel, premier du genre dans le royaume.
Au dernier étage d’une vieille maison réhabilitée du Block 338, Nadya Al-Maskati, projects coordinator de l’ Al Riwaq Art Space, nous reçoit dans un bureau truffé de pièces de designers célèbres et d’œuvres d’artistes bahreïnis. C’est ici qu’en 1998 une mécène locale, Bayan Kanoo, a décidé de fonder ce hub culturel à l’occidentale. Les vernissages dans les galeries et ateliers, les conférences et les concerts s’y enchainent sans arrêt et, autour de lui, le quartier du Block 338 s’est transformé.
The Good Life : Dans une ville où tout le monde est motorisé, vous avez réussi à faire sortir les gens dans la rue… Comment cela a été possible ?
Nadya Al-Maskati : En 2015 nous avons décidé de fusionner nos deux grands marchés annuels, l’un avec des commerçants locaux et l’autre consacré à l’art. C’est ainsi que le projet The Nest a vu le jour. Bayan Kanoo, la directrice, voulait disperser des œuvres d’arts, des étales, des petites tables partout dans le quartier pour que les habitants aient envie de sortir de leurs bunkers climatisés et se mélangent au cœur de Manama. C’est une petite révolution, ici on ne parle généralement qu’à la famille et aux amis proches, parce qu’il y a peu de lieux pour faire des rencontres impromptues.
TGL : Comment définiriez-vous l’art bahreïni ?
N.A.M. : Il est le reflet de ce que l’on dit de nous. Il est simple, terre à terre comme les travaux de la photographe et plasticienne Ghada Khunji ou des peintres Hassan Al Sari et Nasser Alzayani. Souvent, nos artistes sont inspirés par ce qui les entourent directement. Cela se retrouve dans les matériaux utilisés, comme le bois et les couleurs souvent du jaune, du bleu, du vert, qui viennent d’ailleurs tapisser les murs du quartier autour de l’Al Riwaq.
TGL : D’ailleurs, ce quartier du Block 338 n’avait pas du tout le même look il y a peu…
N.A.M. : C’est simple, en dix ans tout a changé ! Et ce n’est pas fini, l’an dernier, cet immeuble que l’on voit depuis la terrasse n’était pas encore sorti de terre. Quand Bayan Kanoo a fondé l’Al Riwaq en 1998 il n’y avait que des maisons ici. Les habitants ont été relogés, dans des quartiers plus modernes, et leurs maisons typiques ont été converties en restaurants, bars et hôtels.
TGL : La vocation d’ Al Riwaq était-elle d’attirer les touristes étrangers ?
N.A.M. : Non, la volonté initiale était surtout de créer un lieu de rassemblement culturel par des locaux pour des locaux. Même si nous exposons des artistes du monde entier, cela permet surtout aux artistes bahreïnis qui étaient isolés, de s’exposer et de se rencontrer, mais aussi aux habitants de se rendre compte du potentiel culturel de leur pays. C’était une façon de leur dire « vous aussi, vous pouvez le faire ». C’était d’ailleurs bien avant que le gouvernement ne mette en place sa politique de développement du tourisme. D’ailleurs, si aujourd’hui nous attirons les touristes étrangers, c’est justement parce que nous sommes restés authentiques et très ancrés dans la culture locale.
Al Riwaq Art Space
Osama Bin Zaid Ave.
Manama, Bahreïn
Tél. +973 1770 0237
www.alriwaqartspace.com