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La Nouvelle-Orléans, héritage et renouveau au son des cuivres
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The Good Business

La Nouvelle-Orléans, héritage et renouveau au son des cuivres

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Du 28 avril au 7 mai 2017, le New Orleans Jazz & Heritage Festival revient en fanfare pour faire triompher la culture de La Nouvelle-Orléans, de la musique à la gastronomie. L’occasion d’aller flâner sur Frenchmen Street ou dans le Warehouse District et visiter la Big Easy en pleine reconstruction, 12 ans après le dévastateur ouragan Katrina.

Tous les ans depuis plus de 40 ans, entre le dernier week-end d’avril et le premier du mois de mai, La Nouvelle-Orléans devient la capitale mondiale de la musique avec le New Orleans Jazz & Heritage Festival. Douze scènes en tout fleurissent sur l’hippodrome de la ville berceau du jazz. Cette année, Stevie Wonder, Earth, Wind and Fire ou encore Patti LaBelle viendront brûler les planches sous le soleil sudiste. En moyenne, depuis 2010, ce sont plus de 400 000 personnes qui s’y pressent chaque année, deux fois plus qu’au très célèbre Coachella (qui, pour sa défense, ne se déroule que sur deux week-ends).

Le New Orleans Jazz & Heritage Festival, présenté par Shell, en 2016.
Le New Orleans Jazz & Heritage Festival, présenté par Shell, en 2016. Douglas Mason

Le jazz bien entendu, mais aussi tous ses enfants et petits-enfants. La programmation très éclectique du festival en est la preuve. Ce n’est pas un hasard si l’un des plus gros labels hip-hop du monde a vu le jour ici, en 1991 : Cash Money Records. Derrière ce nom très distingué se cachent Drake, Lil Wayne ou Nicki Minaj… habitués aux premières places des charts US.

Mardi gras, les Brass Bands, la Soul Food – où quand des plats ouest-africains rencontrent les méthodes de cuisson américaines – tout ici semble avoir quelque chose en plus, un supplément d’âme qui a permis à La Nouvelle-Orléans de se forger une histoire commune très forte avec la musique.

La Nouvelle-Orléans, urbaine et festive

Un fil conducteur, que l’on retrouve forcément au moment de fêter Mardi gras dans la débauche la plus totale, mais pas seulement. C’est ce que confirme Louis Edwards, directeur marketing pour Festival Productions, qui organise le Jazz Fest & Heritage : « A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, on peut écouter de la musique à Nola (l’abréviation qui désigne la ville, ndlr) du jazz au funk en passant par le gospel ou le cajun ». Et à n’importe quel endroit, certes, mais ce quinqua louisianais pur jus a sa préférence : Frenchmen Street.

Frenchmen Street, dans le quartier de Marigny.
Frenchmen Street, dans le quartier de Marigny. Kent Kanouse

Dans le quartier de Marigny, près du Mississippi, Frenchmen Street c’est un peu le Brooklyn de Nola. Palmiers, maisons colorées, bâtisses coloniales typiques, petits immeubles en briques brunes, bars trendy et restaurants animés, le cœur de la ville bat ici. C’est simple, on se croirait dans un film sur La Nouvelle-Orléans. Par antagonisme à la touristique Bourbon Street, c’est sur Frenchmen que les locaux se réunissent pour faire la fête, comme en 2010 pour célébrer la victoire de l’équipe locale dans le Super Bowl.

Sécurité et reconstruction post-Katrina

La scène a fait le tour du monde : en 2005, George W. Bush, alors président des Etats-Unis, survole, avec l’expression de celui qui ne sait pas quoi faire, La Nouvelle-Orléans et ses habitants sur les toits, assommés par Katrina. Une photographie prémonitoire, tant les exécutifs successifs auront du mal à redonner à la ville sa splendeur. Si les quartiers pauvres de la ville sont encore en phase de reconstruction 12 ans après la catastrophe, le Warehouse District et le Downtown connaissent, selon le journal local Nola.com, un boom des investissements dans la construction depuis plusieurs années.

Le Mercedes-Benz Superdome, lieu de rassemblement et d’union entre les Néo-Orléanais, dans la liesse d’un match des Saints comme dans la détresse lorsqu’il faut s’abriter de Katrina en 2005.
Le Mercedes-Benz Superdome, lieu de rassemblement et d’union entre les Néo-Orléanais, dans la liesse d’un match des Saints comme dans la détresse lorsqu’il faut s’abriter de Katrina en 2005. Louis Armstrong

Autre problème majeur à Nola, l’insécurité. Avec l’un des taux de criminalité les plus élevés du pays, La Nouvelle-Orléans se taille une réputation de poudrière. La pauvreté et la ghettoïsation d’une partie de la communauté noire sont les deux mamelles de ce cercle vicieux. Des disparités soulignées par les réparations post-Katrina, où certains observateurs locaux ont dénoncé des rénovations à deux vitesses. Mais le vent tourne, avec, comme exemple le plus marquant, le Calliope Projects. Ce « lotissement » d’un genre particulier, connu pour son instabilité, a été définitivement détruit en 2014 pour laisser la place à un complexe urbain qui se rapproche de ce que l’on trouve dans les quartiers plus tranquilles de la ville. Surnommée The Big Easy en contradiction avec New York la pressée, on a le sentiment que Nola arrivera toujours à se relever.

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