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De berceau de la civilisation européenne à brebis galeuse d'une zone euro tremblante, Athènes se transforme à grande vitesse. C'est la créativité et une volonté nouvelle de mutualiser les efforts qui en font aujourd'hui l'une des capitales les plus bouillonnantes du continent. Ainsi, elle accueillera - et c'est une première - la quatorzième édition de documenta, la célèbre exposition d'art allemande dès le 8 avril.
La documenta s’exporte pour sa 14e édition ! La gigantesque quinquennale d’art moderne et contemporain aura lieu à Cassel en Allemagne, sa ville d’origine du 10 juin au 17 septembre 2017, et à Athènes du 8 avril au 17 juillet. Sur le thème Learning from Athens, sont attendus des centaines d’artistes des quatre coins de la planète. La liste sera dévoilée le 6 avril. Le but ? Donner un coup de balai sur les clichés Nord/Sud, mais aussi replacer Athènes sur la carte de l’art mondial.
Si la capitale grecque s’apprête à vivre plus de trois mois sous perfusion d’art contemporain, elle continue aussi de mettre en avant ses valeurs sûres, avec l’Acropole en tête de gondole.
L’Acropole, un rocher sacré et vivant
Elle émerge telle une île au-dessus de la ville. Berceau de la démocratie grecque et de la civilisation occidentale, l’Acropole rayonne comme un phare sur Athènes. Un phare qui dégage une formidable énergie. Sa couronne de calcaire sert de piédestal aux temples et aux trésors les plus célèbres du monde grec, à commencer par le Parthénon, joyau de l’humanité aux proportions parfaites. Au sommet, on honorait les dieux; en bas, dans l’Agora, on traitait des affaires de la ville; sur les flancs se déroulaient les manifestations culturelles, toujours d’actualité aujourd’hui: au théâtre d’Hérode Atticus, Aristophane, comme les auteurs contemporains, est joué à guichets fermés chaque été, dans le cadre du festival d’Athènes.
L’Acropole et son nouveau musée – construit par Bernard Tschumi et inauguré en 2009 – ne sont pas seulement les principaux points d’attraction des touristes étrangers. Depuis que les avenues Apostolou Pavlou et Dionysiou Areopagitou ont été converties il y a une quinzaine d’années en une immense esplanade pavée et arborée, les Athéniens se sont réapproprié le rocher sacré et ses environs. Au pied de l’Acropole et de la colline de Philopappos, il fait bon flâner, parmi les oliviers et le chant des cigales, sur cette voie piétonnière qui relie entre eux sept sites archéologiques majeurs. Les quartiers alentour ont été redynamisés: derrière le musée de l’Acropole, Koukaki est devenu un repaire pour les jeunes, plein de petits commerces, de bars alternatifs et de boutiques de créateurs. Tandis qu’au-delà de Thissio, et de ses grandes terrasses de café, les quartiers de Keramikos et de Gazi se développent.
Quartiers branchés et boom de l’hôtellerie : la renaissance du tourisme
C’est une petite rue typique d’Athènes, au charme un peu chaotique, avec ses trottoirs pas forcément droits, ses immeubles sous bâche depuis des années, ses voitures garées n’importe où. La rue Mitropoleos attire pourtant les principaux investissements hôteliers de la ville. Il faut dire que, reliant les places Syntagma à Monastiraki, la rue est absolument stratégique sur la carte du tourisme, qui s’est resserrée ces dernières années autour de l’Acropole.
Ce quartier en lisière de Plaka est d’ailleurs en pleine effervescence depuis quelques années, avec l’ouverture de nombreux bars à vins, de restaurants exotiques ou branchés, de boutiques de créateurs et, surtout, du New Hotel en 2011, boutique-hôtel arty du collectionneur d’art contemporain Dakis Joannou. En 2016, pas moins de trois hôtels haut de gamme ont vu le jour dans la rue Mitropoleos qui, jusqu’à présent, ne comptait que de petites adresses sans prétention. Déjà implanté dans le quartier, le groupe Electra a métamorphosé l’ancien ministère de l’Education nationale en un 5 étoiles de 223 chambres et suites inauguré l’été dernier. Le boutique-hôtel O&B, très chic et design, situé du côté de Thissio, a lui aussi ouvert une antenne en 2016, le Met34, en face de la cathédrale Mitropoli. Plus bas, le groupe Daskalantonakis-Grecotel, qui possède 26 hôtels de luxe dans toute la Grèce, a repris la célèbre maison classée Chitiroglou, dans laquelle on vendait autrefois des tissus. Juste en face, des investisseurs saoudiens auraient restauré un grand immeuble néoclassique pour en faire des appartements à louer. Si on élargit au centre d’Athènes, une douzaine de nouveaux hôtels auront ouvert leurs portes entre 2015 et 2017.
L’aéroport d’ Athènes redécolle
L’aéroport international d’Athènes Elefthérios-Venizélos vient de fêter ses quinze ans. Construit en 2001, à 30 km du centre d’Athènes, il a remplacé l’ancien aéroport d’Hellinikon, arrivé à saturation parce qu’il était situé au cœur de la ville. Pour sa construction, un partenariat privé-public a été mis en place avec le géant allemand du bâtiment, Hochtief. Dès son inauguration, l’aéroport a été salué pour sa modernité et son efficacité. En quinze ans, il a accueilli près de 220 millions de passagers, moitié grecs, moitié étrangers.
En raison de la crise, le trafic s’est tassé pendant six années. Mais, depuis 2013, les résultats de l’aéroport ont décollé de manière spectaculaire: le trafic passager a augmenté de plus de 20% par an, passant de 12,5 à 18,1 millions de passagers aujourd’hui. En octobre 2015, Yiannis Paraschis, directeur général de l’aéroport d’Athènes, a reçu le prix Airport Chief Executive of the Year, délivré par le centre CAPA pour l’aviation. Sa stratégie, son sens de l’innovation et sa gestion ont été récompensés. Un exemple de la résilience des Grecs, capables de rebondir dans la crise.
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