The Good Business
Qui a dit qu’il n’y a que dans l’Est de Paris que l’on sait faire des cocktails et imaginer des hôtels luxueux mais branchés ? Zied Sanhaji, jeune patron globetrotter de l'hôtel Amastan, fait le pari de redynamiser le très (trop ?) chic 8e arrondissement.
Dans le 8e arrondissement de Paris, peu habitué à ce genre d’établissement jeunes et conviviaux, Zied Sanhaji (28 ans !) a installé sa « maison urbaine » : l’Amastan. Un hôtel à la décoration sobre, imaginée par le cabinet NOCC qui prend le nom de son premier ancêtre, héros d’un livre historique consacré à sa famille Un prince dans le Maghreb de l’an mil. Récemment, cet ancien consultant chez Jones Lang LaSalle (JLL), inaugurait l’Anouk. Un bar d’hôtel pas comme les autres car totalement modulable et indépendant, loin des lobbies feutrés parfois excluant qui jalonnent la capitale. Rencontre avec un baroudeur – Tunisien d’origine, il a grandi aux Antilles avant de faire ses armes à New York – au cœur parisien qui rêve de dépoussiérer un quartier au potentiel énorme.
The Good Life : Vous avez commencé votre carrière comme consultant pour JLL qui gère 3 milliards de m² dans le monde. Quel est l’apport de cette expérience dans votre nouvelle aventure ?
Zied Sanhaji : J’ai vu des centaines de chambres d’hôtels à travers le monde. Ce qui a confronté ma passion pour l’hôtellerie, jusque-là un peu naïve, aux réalités du milieu. D’un point de vue strictement immobilier, cela m’a poussé à sans cesse optimiser chaque mètre carré, tout en m’exposant à plusieurs scénarii pour lister les do et les don’t et enfin, respecter l’équilibre créatif. Eviter les hôtels charmants mais peu fonctionnels et les établissements ultra-efficaces mais sans âme : voila ce que j’ai essayé de faire à l’Amastan et à l’Anouk. La réception par exemple, n’est pas un lieu très fréquenté alors elle n’a pas besoin d’être immense, contrairement aux lieux de vie comme le bar qui peuvent, et doivent s’étaler sur plus d’espace. Ainsi, j’ai tenu à travailler étroitement avec les designers.
TGL : C’est NOCC qui s’est occupé des aménagements. Une décoration hybride avec des pièces modernes et d’autres plus traditionnelles, quel était l’objectif ?
Z.S. : De mon côté je voulais que le client puisse prendre possession du lieu. C’est pourquoi je préfère l’appellation de « maison urbaine ». Pour NOCC, l’objectif était de ne pas céder à la facilité, pas d’en faire un hôtel surdesigné. Le voyageur sophistiqué a l’envie de se retrouver dans un lieu sobre, élégant, où il peut prendre ses habitudes. C’est le fil rouge de l’Amastan. On y raconte l’histoire d’un jeune parisien qui après avoir beaucoup voyagé revient dans sa ville et y crée un lieu où il veut accueillir ses amis. Une narrative que l’on retrouve dans des petits détails dispersés dans la maison, pas ostentatoire, pour ne pas tomber dans le cliché du « home away from home ».
TGL : C’est aussi pour ça que Anouk, le bar de l’hôtel a sa propre vie, indépendamment de l’Amastan ?
Z.S. : Oui, mais pas seulement. Nous avons voulu ancrer l’ensemble dans la culture parisienne, et française. Contrairement à Londres ou New York, il y a peu de parisiens qui viennent boire des verres dans des bars d’hôtels, donc nous avons pensé l’Anouk comme un bar modulable, qui peut être totalement indépendant du reste. Tout en gardant par défaut le service propre aux hôtels, plus attentionnés que dans la plupart des bars à cocktails.
TGL : Après Paris, d’autres Amastan vont-ils voir le jour ailleurs dans le monde ?
Z.S. : Amastan était le premier membre de ma famille, il y a plus de mille ans. Le nom tombait sous le sens : il exprime la notion de début, celle de famille et celle de l’expansion. On aimerait donc en ouvrir d’autres… D’abord, on se teste, est-ce qu’on est capable de le faire ? Si oui, alors on regardera dans les villes urbaines, sans saisonnalité et où le prix de l’immobilier n’est pas trop élevé. Donc Berlin et Amsterdam sont susceptibles de nous intéresser. J’aime beaucoup New York, j’y passe beaucoup de temps, mais c’est une cité qui demande énormément de maturité. Plus tard, pourquoi pas… Une chose est sûre, nous ne monterons pas une chaîne, on pense plus à une collection.
Deux villes, trois spots
Au moment de la traditionnelle question des spots favoris, Zied Sanhaji, malgré un style de vie « très parisien » n’a pas réussi à se décider entre ses deux villes de cœur Paris et New York…
- A Paris : « le Frenchie et le Clamato ont réussi dans un environnement où tout le monde se veut bistronomique, à garder leur âme et créer un certain confort. On sait qu’on y trouvera chaque fois un menu différent, mais toujours la même qualité et le même service. J’adore ! »
- A New York : « Le Bohemian est installé dans une ancienne propriété d’Andy Warhol, on y trouve des jardins zen et une boucherie japonaise, le tout dans une salle minuscule, très intimiste, complètement coupée du monde. C’est très new yorkais dans l’esprit, quelque chose qui prouve qu’avant de se lancer là-bas, il faut innover ! »
Amastan Paris
34 Rue Jean Mermoz
75008 Paris
Tél. 01 49 52 99 70
www.amastanparis.com