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Sylvia Chan
Sylvia Chan, directrice artistique du groupe Mad Design.
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The Good Business

Rencontre avec Sylvia Chan, directrice artistique du groupe Mad Design

The Good Business

The Good Life : Cela fait quinze ans que vous êtes une observatrice privilégiée de la mode shanghaïenne. Comment l’avez‑vous vue évoluer ces toutes dernières années ?

Sylvia Chan : La mode de Shanghai vient de très loin ! Elle a une longue histoire et a toujours montré un goût rare pour les tissus de qualité ainsi qu’une volonté de perfection dans l’habileté manuelle, les coupes et le sur‑mesure. Ce qui est unique à Shanghai, c’est que les tendances ne proviennent pas seulement d’Europe et d’Hollywood, elles ont été aussi très influencées par la Corée du Sud et le Japon. Or, les Chinois adorent adapter à leur façon ce qui vient d’ailleurs. Ils explorent des styles et les recréent autrement. Aujourd’hui, à Shanghai, scène la plus internationale de Chine, où la mode est élégante, raffinée et colorée, surgissent sans cesse de nouvelles surprises, des tendances fortes, plus vite que nulle part ailleurs. Des stylistes de talent émergent localement et viennent défier les grandes maisons internationales de façon plutôt révolutionnaire.

TGL : Quels sont les créateurs qui retiennent le plus votre attention ?

S. C. : Il y a des liens très forts entre les scènes de Pékin et de Shanghai. Des créateurs nés à Pékin ont percé à Shanghai. D’autres, qui ont étudié à Shanghai, ont été révélés à Pékin, avant de revenir s’établir à Shanghai. Parmi eux, les talents sont nombreux, qui proposent des créations très bien structurées, conçues avec goût, et dont la flamboyance, souvent discrète, devient virale une fois mise en ligne. Je citerais Ji Cheng, au style ethnocentré et aux influences étrangères multiples – très suivie en Chine et à l’étranger. Ou, dans un autre style, plus clinquant, Lu Kun, habilleur de divas – comme Paris Hilton, par exemple –, qui a percé il y a dix ans et est surnommé le « Galliano chinois ». Quant à la griffe Tina Couture, de Tina Fu, au style précieux reflétant une identité très shanghaïenne, c’est l’un des grands succès de ces dernières années.

TGL : Comment, selon vous, le marché de la mode va‑t‑il évoluer à Shanghai ?

S. C. : Il y aura toujours des surprises, comme l’engouement actuel pour les pyjamas portés à l’extérieur ! Davantage d’individualisme dans les attitudes, aussi. En matière de stylisme, la mode et l’art vont se rejoindre un peu plus – c’est une tendance de fond en Chine. Certes, seul l’avenir dira si les jeunes créateurs auront su s’imposer à l’étranger, mais il est certain, en revanche, que les célébrités chinoises vont y être de plus en plus courtisées, dans les défilés des collections. Trois actrices, Huo Siyan, Li Xiaolu et Lin Peng ont été les stars d’un jour lors de la dernière fashion‑week de Paris !

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