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Le vintage n’en finit plus de cartonner ! Michel de Franssu, fondateur de Black Pepper, l’un des pionniers du design « à l’ancienne », nous en dit plus sur ce phénomène …
The Good Life : En 2008, vous commencez la conception du Code 0, votre premier voilier. Pourquoi lui avoir donné, instinctivement, un look rétro ?
Michel de Franssu : A l’époque, l’auto et le deux-roues s’étaient déjà engouffrés dans la brèche, avec la Mini et le Vespa par exemple. Pour la voile, c’était différent, il n’y avait que deux marchés : les modèles ultra-modernes, et les copies de classiques. Alors J’ai procédé à une étude de marché et me suis rendu compte qu’il y avait une vraie demande de design rétro chez les amateurs de bateaux. Donc j’ai pris mes crayons, et on s’est lancé !
The Good Life : Beaucoup de constructeurs vous ont suivi depuis. Comment expliquez-vous cet engouement pour le design des années 60/70 ?
Michel de Franssu : Retrouver des formes et des sensations de sa jeunesse, c’est toujours rassurant. Pour les gens de ma génération (56 ans, ndlr), retrouver des objets cultes nous donne le pouvoir de voyager dans le temps… Et comme pour le vinyle, l’argentique, les motos rétro, c’est arrivé en pleine crise économique. De là à y voir un lien de cause à effet…
TGL : Quelle est la recette pour concevoir un bateau moderne dans ses performances et rétro dans son design ?
MdF : Notre recette est simple : une coque moderne, un pont vintage et des matériaux qui se complètent à la perfection. Concernant la vitesse, la forme de la coque est primordiale…moins pour le look ! En effet, elle est immergée la plupart du temps et peut donc déroger à la règle des lignes anciennes, moins tendues et moins efficaces. Pour la partie la plus visuelle, le pont, on repère des éléments marquants de bateaux iconiques, ayant appartenu à des célébrités ou fabriqués en grande série, pour les moderniser et les adapter. Enfin, les matériaux utilisés sont très importants pour allier look vintage et performances plus contemporaines. On utilise du Teck pour les parties en bois, et pour compenser son poids, on utilise une technique d’infusion sous vide de résine époxy avec de la fibre de carbone. Elle est plus légère que le mélange fibre de verre / résine de polyester, utilisé par la majorité des constructeurs…
TGL : Votre dernier modèle – que vous exposez en ce moment au Salon nautique de Paris – s’appelle Code #, un nom plutôt intriguant…
MdF : C’est le plus petit de la gamme, avec ses 8,5 mètres… Nous avions déjà un Code 0 de 10 mètres, il a donc fallu lui trouver un autre nom que Code -1, peu accrocheur… Le hashtag tombait à pic : il fait référence aux réseaux sociaux, notamment Twitter, représentatif de notre temps, tout en renvoyant à l’époque où l’on tapait le dièse sur les vieux téléphones d’hôtel avant de composer un numéro. Contemporain et rétro à la fois…
La première sortie en mer du Code #, dernier né de chez Black Pepper
TGL : Cinq à six bateaux sortent chaque année de votre usine de Nantes, majoritairement pour des clients français. Avez-vous l’intention de vous développer à l’international ?
MdF : Depuis que nous sommes présents régulièrement au salon de Dusseldorf, on commence doucement à vendre nos bateaux à l’étranger. En Allemagne, en Suisse et en Grèce principalement… S’internationaliser fait partie de nos projets, mais sans renier notre passion pour le travail artisanal.
En chiffres
- Chiffre d’affaires 2015 : 3,8 millions €
- Nombre de salariés permanents : 5
- Prix des navires : à partir de 99.000€
Réseaux sociaux : @blackpepperboat