Lifestyle
L’idée de lancer une marque de mode masculine « décrispée » sur un marché un zeste saturé était culottée. Mais pour Paul Szczerba, diplômé d’HEC, rien n’est impossible, surtout si son dressing est vide !
Dates clés
- 2010 : création de Balibaris.
- 2011 : création d’une collection complète.
- 2012 : ouverture de la première boutique, 14, rue de Marseille, Paris 10e.
- 2016 : entrée au capital d’Experienced Capital Partners et important décollage de la marque.
En cinq ans d’existence seulement, Balibaris a fait un carton dans les cœurs masculins, parmi lesquels, et au hasard, celui de Vincent Delerm ou d’Antoine de Caunes. En 2010, Paul Szczerba (prononcez Cherba) a 24 ans, est frais émoulu d’HEC et désespère de trouver des vêtements « fonctionnels, beaux et cool » qui lui correspondent. Autrement dit sans fioritures, à la coupe soignée et dans des coloris qui ne hurlent pas. Poussé par son épouse, il édite alors une collection de… cravates. L’accessoire plaît pour son aspect bien proportionné et pour son prix accessible. « Ma famille est versaillaise et elle est assez éloignée de la mode, secteur dans lequel je n’avais aucun réseau. J’avais seulement une vision du vêtement en tant que consommateur. Je m’habillais chez Uniqlo, H & M et Gap, ou en grand magasin, et je devais slalomer entre collections traditionnelles et preppy. Parfois, j’allais chez Zadig & Voltaire ou The Kooples. Je suis rationnel, et leur réussite m’a conforté dans mon idée. » Pour démarrer, il trouve ses fournisseurs en allant… sur Google. Il fait ensuite le siège des usines jusqu’à ce que l’une d’entre elles accepte de fabriquer ses modèles d’après sa description. « Je ne sais pas dessiner, donc je suis resté sur place tant que le produit n’était pas parfaitement à mon goût. » Aujourd’hui, Balibaris compte 52 collaborateurs – ils seront 95 à la fin de l’année –, dont un pool de stylistes et de modélistes. Devinez qui joue le mannequin ? Monsieur Szczerba en personne, le seul patron d’entreprise au monde à se déshabiller en arrivant au bureau ! Balibaris fait confectionner la maille en Italie, les chaussures, lancées cette année, au Portugal, tandis que l’Europe de l’Est a l’apanage des vestes. Tee-shirts et maroquinerie sont réalisés en France.
Boostée par un investisseur
Le but a toujours été d’offrir un vestiaire complet, essentiel, et d’allure néoclassique, qu’un homme puisse faire « matcher » les yeux fermés pour partir au boulot ou en weekend. Il s’agit de légers blousons en coton, de vestes en canevas de coton déperlant pour adeptes du scooter, de chinos bien coupés. Le morceau de roi étant le costume, dont la veste montée est entoilée avec du crin de cheval, comme chez les meilleurs tailleurs, et non thermocollée, afin d’assurer un galbe parfait. Au début, la marque vend ses collections sur son e-shop, avant d’être en mesure d’ouvrir des boutiques à Paris en 2012 – elle en possède cinq aujourd’hui. « J’aimerais rendre Balibaris pérenne – le nom est celui du joueur d’échecs dans le film Barry Lyndon, que j’adore –, raconte l’entrepreneur de 29 ans. Il est temps aussi de la faire mieux connaître, d’où le déploiement, en France, de près de 20 boutiques, dont 17 corners qui ouvriront au mois d’août à Toulouse, Lille, Nantes, Aix-en-Provence ou Bordeaux. » Paul Szczerba vient de passer un cap crucial avec l’entrée au capital d’Experienced Capital Partners (40 %). Cette holding d’investissement a été fondée en janvier dernier par Frédéric Biousse, Elie Kouby et Emmanuel Pradère, anciens dirigeants de Sandro, Maje et Claudie Pierlot (SMCP). Balibaris est ainsi leur premier dossier et bénéficie à la fois de leur appui financier et de l’expertise de conseillers très capés – après le passage d’un consultant, Balibaris a vu son chiffre de vente doubler en un mois ! Ce soutien de poids lui ouvre aussi toutes les portes. « Nous avons désormais les moyens de nous développer en 2017 à Londres, Milan, Madrid et Bruxelles, où nous avons d’ailleurs signé un bail. Le plan comporte aussi de nouveaux produits et accessoires, la poursuite de la collaboration avec la marque Veja et un chiffre d’affaires prévisionnel de 10 millions d’euros cette année sur plus de 30 points de vente. » L’objectif de 100 boutiques devrait être atteint dans quatre ans. Reste à savoir si un tel déploiement ne risque pas de nuire à l’image confidentielle de la marque.