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Huit modèle au look d’enfer passés au scanner. On the road again à pleins gaz, pour une virée comme au bon vieux temps des Hells Angels ou de l’Ace Café des sixties.
Ducati Scrambler Icon
Une hyperclassique hypertendance
Cette gazelle bicylindre présente plusieurs avantages. Tout d’abord, la Ducati Scrambler n’est pas réservée aux seules cinq cents premières fortunes de France. on peut même considérer qu’elle est presque bon marché… pour une Ducati. Ensuite, elle n’exige pas qu’on se prénomme Andrea, comme les deux acrobates du championnat du monde de moto GP, qui portent les couleurs de l’écurie officielle de la firme transalpine. Elle n’a rien d’une Panigale, elle ose même dédaigner les exigences de la marque italienne, nettement plus portée sur la prise d’angle, la position koala et l’attaque de l’avant que sur le cruising, aussi racé soit-il. Mais comme elle reste une vraie ducat’, elle demeure très classe, dans le genre adorable. Elle parvient à évoquer le passé sans le copier, c’est-à-dire à donner dans le revival en évitant tous les regrets du genre « c’était mieux avant ». En résumé, elle accomplit l’exploit d’afficher son originalité sans trahir les codes vintage. Selle basse, petit réservoir en demi-goutte d’eau, cadre tubulaire apparent, au contraire de l’amortisseur arrière qui, lui, est bien planqué, roues à bâtons… elle est gonflée, la petite, dans le genre classique hypertendance ! Il n’y a guère que ce silencieux bref, trapu et étrangement bas placé pour un Scrambler, que les puristes iront éventuellement lui reprocher. De même qu’ils tiqueront sans doute devant la douceur du bicylindre de 800 cm3 dégonflé à… 75 chevaux seulement. Certains pourront même rechigner devant l’assise très reculée, tendance custom. Mais dès qu’ils donneront vie à cette gazelle, il ne fait aucun doute qu’ils retrouveront la voie du sourire éternel !
Moteur : bicylindre de 800 cm3
Puissance : 75 ch
Poids : 187 kg
Prix : 8590 € (rouge) ; 8690 € (jaune)
Harley Davidson Softail Slim
Une pure gueule
On dit des tas de choses sur les Harley, y compris des balivernes. on a même entendu des protestations du genre : « Je préfère encore rouler en scooter ! » Ce qui prouve que les réfractaires n’ont vraiment pas besoin de fer pour friser la mauvaise foi absolue ! Que peut-il bien y avoir de commun entre un utilitaire et une œuvre d’art ? Le même socle qu’entre l’ennui et l’enthousiasme ! Une harley n’est pas utile, elle est… indispensable. Prenez ce Softail Slim qui fait des ravages parmi les bikers. Ce bobber revendique peut-être le prix du dépouillement absolu. Pour les aspects pratiques, s’adresser aux réfractaires et à leur scooter. Le Slim s’est débarrassé de tout. Ou presque : on peut encore accrocher des sacoches en cuir à ses flancs. Pour le reste, il n’offre que son énorme bicylindre en guise de cœur d’acier chromé, une selle monoplace à ressorts, un guidon large comme l’horizon et deux roues couronnées de pneus de tracteur. Ce en quoi il paraît sortir directement des « roaring forties » américaines. Il semble crever ces images sépia, propres à nous faire jurer que la vie d’alors n’était que romantisme pré-Kerouac. Mais comme il vient de naître, il serait plutôt du genre top-modèle 2015, avec une minceur d’extraterrestre combinée à des rondeurs affolantes, fournie ici par des gommards catégorie Mae West ! En résumé, ce Softail essentiel a une gueule absolument terrible. De la gueule, mais pas que. Comme à bord de toute Harley, les fesses au ras du goudron, son heureux cavalier chevauche une émotion unique, apparemment faite de bruit et de fureur. En réalité, une véritable mélodie du bonheur !
Moteur : bicylindre de 1690 cm3
Puissance : 79 ch
Poids : 305 kg
Prix : 19220 €
Moto Guzzi V7
Une ravissante icône
La V7 n’a qu’un seul défaut : elle n’est pas du tout faite pour les grands. Les membres de la confrérie des 190-cm et plus n’auront que leurs yeux pour pleurer, parce que cette ravissante Moto Guzzi revient en deuxième réplique du mythique modèle Sport d’antan, avec des tas d’améliorations. Rendez-vous compte plutôt : les sorciers du lac de Côme ont décidé de doter leur charmante enfant de l’ABS et d’un antipatinage qu’on croyait jusque-là réservé aux belles de Munich et à leurs rivales. Sur leur lancée, ils ont même ajouté une boîte à six vitesses, comme sur les grandes, et revu des tas de détails : ils ont abaissé la selle et changé la position des calepieds. Las ! les cousins de Gulliver se taperont toujours les genoux dans les jolies culasses du bicylindre en V, évidemment disposé face à la route. Mais les autres, eux, se régaleront de ce changement de position de conduite. Et comme leur ravissante icône a été soignée jusqu’au moindre détail, ils se plairont toujours à la contempler avant de l’enfourcher. Sa robe a gardé son caractère unique, aussi pur que parfaitement italien. Une fois à bord, ils profiteront de la douceur des modestes 48 chevaux pour s’égarer dans les chemins de traverse. Cette sympathique V7 néo-rétro a clairement été conçue pour la croisière en pleine campagne, bien plus que pour les tristes allers-retours boulot-dodo. Les fans de Guzzi peuvent donc être rassurés : ses ingénieurs préférés ont bien travaillé, et on ne s’endort pas du côté de Mandello. Quant aux autres, ceux qui ne conçoivent pas l’existence sans un look radical, ils pourront toujours choisir la version café-racer, un vrai petit bijou de design.
Moteur : bicylindre de 750 cm3
Puissance : 48 ch
Poids : 189 kg
Prix : 8159 €
Yamaha XJR 1300
Comment naissent les vintage
« Dans la vie, a affirmé Jacques Chirac, il ne faut faire qu’une seule chose. Mais il faut la faire à fond. » Eh bien, Yamaha fait beaucoup de choses, et pas uniquement des motos. Mais il est un modèle de bécane que la firme japonaise produit et reproduit depuis plus de vingt ans : la mythique XJR 1300, tout d’abord apparue en version 1200. Ce roadster sans frime, mais non sans panache, a ses fans absolus. Particulièrement parmi les grands gabarits, qui apprécient ses dimensions comme son quatre-cylindres, tout en générosité. Pendant deux décennies, cette brave monture n’a guère changé, si l’on excepte l’arrivée de l’injection à la fin des années 2000. Mais voilà qu’elle nous revient en tenue de sport ! Mais une tenue de sport façon combine de piste d’il y a trente ans. Et ce changement de robe lui va comme un gant, depuis le long silencieux noir mat jusqu’aux supports chromés et ajoutés du minuscule phare rond, en passant par des détails comme les fausses plaques de numéros sous la selle ou les superbes amortisseurs Ohlins bien apparents et bien dessinés à l’ancienne, sans oublier la magnifique fourche inversée au traitement antifrottements. Oublié, la fadeur acquise au fil des ans par l’ancienne XJR, totalement dépassée par l’arrivée des roadsters à l’allure de gros insecte. Ici, la finition parfaite et le traitement original du moindre détail ornent cette machine d’une parure de reine. Et la version racer en rajoute encore avec son petit saute-vent parfaitement rétro et ses bracelets alu littéralement sculptés. Comme le gros quatre-pattes n’a rien perdu de son onctueuse puissance, la Yam est devenue une belle de toujours.
Moteur : quatre cylindres de 1300 cm3
Puissance : 98 ch
Poids : 240 kg
Prix : 10999 €
Mash Five Hundred
L’amitié franco-chinoise
En une poignée d’années, les jolies Mash ont envahi et embelli nos rues. Aussi discrètes qu’esthétiques, les 125-cm3 ont fait le bonheur des jeunes aux rêves plus épais que le portefeuille. Délicieusement classiques, modestes et bien faites, ces élégantes à la ligne vintage attirent l’œil irrésistiblement. On ne remerciera donc jamais assez ces Français qui ont eu l’audace et l’imagination de réussir là où beaucoup d’autres ont échoué avant eux. Les Mash sont en réalité des motos fabriquées en Chine, mais entièrement conçues en France. Et plus exactement à Beaune, jusque-là plutôt réputée pour ses vins et ses hospices. Les dirigeants de la Société d’importation de motos et d’accessoires (Sima) avaient une autre idée : concevoir une moto entièrement nouvelle, tout en restant réalistes. Pour tenir les coûts, il ont retenu une base éprouvée, un modèle construit depuis des années par l’un des principaux fabricants chinois de deux-roues motorisés. Après la 125, voici sa grande sœur quasi siamoise, la Five Hundred, qui est en réalité une 400-cm3. Classique, sa ligne se rapproche de celle de la Royal Enfield, sans en être pour autant une copie, loin de là. Quant au moteur, il suffisait d’y penser. Comment implanter dans un nouveau modèle un monocylindre inexistant chez son partenaire sans être contraint de l’acheter à l’un des géants du marché, en l’occurrence un japonais ? Simple comme bonjour : il suffit de reprendre un propulseur assez ancien pour que ses plans soient libres de droits et de le moderniser. Dans le cas de la Mash, il s’agit d’un Honda. Au final, on obtient une machine légère, accessible, modeste, mais parfaitement réjouissante !
Moteur : monocylindre de 400 cm3
Puissance : 27 ch
Poids : 160 kg
Prix : 4436 €
Kawasaki VN 900 Classic
Le custom alternatif
Inutile de se voiler la face : la Kawasaki VN 900 est un Custom « façon Harley ». Autant dire qu’on y trouve à peu près tout ce qui fait l’attrait d’une Harley : un design résolument rétro et une architecture d’un classicisme absolu. Mieux, une philosophie totalement Harley. on trouve ainsi, sur cette VN 900, une grosse fourche à l’angle de châsse généreux, un large guidon, une selle ultrabasse, un cadre double berceau et un support de roue arrière apparemment rigide, façon Softail. On y trouve surtout un gros bicylindre en V, placé dans le sens longitudinal, à la puissance modeste mais au couple généreux. Exactement comme sur une Harley. Alors, cette Kawa est-elle pour autant une simple copie des belles de Milwaukee ? Eh bien, pas exactement. Ne serait-ce que parce que son prix la place tout en bas de la gamme du Wisconsin, face au Sportster 883. Et puis, cette belle japonaise se fiche apparemment comme d’une guigne des comparaisons et des accusations d’imitation. Rappelons-nous qu’il fut une époque, certes reculée, où, aux États-Unis, toutes les bécanes étaient conçues de la même façon. Et aujourd’hui, qui se soucie, par exemple, que tous les smartphones ressemblent à l’iPhone comme autant de gouttes d’eau ? Ce custom alternatif s’adresse donc à tous ceux qui veulent partir en croisière tranquille sur les voies secondaires, sans avoir à entrer dans la grande famille Harley ni à en payer le prix. Ces indépendants profiteront alors d’une machine bien faite et de la réputation de solidité d’une marque multimédaillée. Ils croiseront à bord d’une machine rétro, certes plutôt lourde, mais cohérente et pas frimeuse pour deux ronds.
Moteur : bicylindre de 900 cm3
Puissance : 45 ch
Poids : 282 kg
Prix : 8399 €
Triumph Thruxton Ace
La fort de café
Sachant que la Triumph Thruxton est la version café-racer de la mythique Bonneville, il faut s’attendre à ce que la série spéciale Ace soit encore plus fort de café que la café-racer de base elle-même. Vous suivez ? Parce que l’Ace Café était l’un de ces lieux mythiques de la moto outre-Manche. Trônant sur le bord de la North Circular Road londonienne, il était l’un de ces Vatican de la religion des bicylindres, dans les sixties des so British BSA, Norton et, bien sûr, Triumph. Né des confrontations purement amatrices des rockers de l’époque, le café-racer est à la pure moto de piste ce que les GT étaient aux formules 1, c’est-à-dire un fournisseur de sensations au moins aussi puissant, la route ouverte apportant un tout autre défi que le circuit fermé, bien entendu. Bref, la Thruxton se signalait déjà par un design irréprochable, y compris aux yeux des puristes du vintage les plus intransigeants, et sa version Ace en rajoute encore, sans la moindre faute de goût. Comme sa cousine de base, elle pousse, par exemple, le raffinement jusqu’à dissimuler son injection électronique derrière de faux carburateurs. Mais, surtout, elle arbore une magnifique robe blanche finement soulignée de noir et ornée d’une selle monoplace carmin du plus bel effet. Avec ses longs silencieux, ses roues à rayons, son phare chromé et ses rétros en bout de guidon, l’Ace atteint parfaitement son but : capter irresistiblement l’œil des passants. Avec son bicylindre onctueux et son agilité féline, cet Ace revendique aussi bien une disponibilité de tous les instants qu’une polyvalence toute naturelle. Un atout qui lui va aussi bien que sa ligne.
Moteur : bicylindre de 865 cm3
Puissance : 69 ch
Poids : 214 kg
Prix : 10500 €
Indian Scout
Une autre Amérique
Ressuscitée, il n’y a pas dix ans, par les deux américains déjà repreneurs des bateaux Chris-Craft, la marque Indian tente bravement de faire comprendre aux distraits qu’il n’y a pas que Harley aux États-Unis et dans la vie. En commençant par le commencement : il est vrai qu’Indian a le privilège de l’ancienneté. Et en continuant avec cette nouvelle Scout, un custom qui se veut clairement une arme anti-Harley. Cela saute aux yeux avec ce design clairement vintage. Lequel réussit l’exploit de mêler les inimitables garde-boue en vague des anciennes Indian, le miniphare et la selle de tracteur des mêmes, avec des touches clairement contemporaines, comme ce V-twin de 1133 cm3 conçu comme une sculpture moderne ou ces amortisseurs arrière parfaitement épurés. Mais la Scout possède d’autres arguments. Technique, d’abord, avec le refroidissement liquide d’un moteur à l’architecture classique, mais à la conception dernier cri. Et à la puissance… inconnue. Ou plutôt « suffisante », comme on aurait dit chez Rollsroyce. Avec cette combinaison unique d’un centre de gravité très bas et d’une garde au sol bien supérieure à celle de ses rivales de Milwaukee, le tout associé à un poids étonnamment contenu. Tout cela promet une agilité rarement proposée par les américaines d’en face. Ajoutez-y des atouts nettement plus sonnants, tels un prix plus qu’honnête pour le genre et une garantie de cinq ans, et vous obtenez de quoi attaquer les positions de l’adversaire. Cela suffira-t-il à les faire tomber ? Pas dans l’immédiat, à l’évidence. Le sentier de la guerre s’annonce bien long pour cette belle Indian.
Moteur : bicylindre de 1133 cm3
Puissance : NC
Poids : 248 kg
Prix : 12990 €