The Good Business
La business-school marseillaise, ex-Euromed, entend jouer un rôle de tout premier plan sur la nouvelle Route de la soie que représente l’axe Chine-Afrique. Ses progrès dans les différents classements internationaux semblent prouver qu’elle a fait les bons paris.
On ne s’étendra pas sur le niveau d’ensoleillement à Marseille ni sur la proximité des calanques, qui offrent un cadre de travail exceptionnel aux 500 étudiants. On ne s’attardera pas non plus sur la qualité du design intérieur, ni sur les infrastructures de l’école. Mais on sent bien que de la mer souffle ce vent particulier tourné vers l’Afrique et le lointain Orient qui fait toute la différence. Bienvenue à la Kedge Marseille Business School ! Située au sein du parc universitaire de Luminy, l’un des hauts lieux méditerranéens de fertilisation croisée entre formation, recherche et entreprise, l’école surfe sur l’effervescence créative qui règne à Marseille. C’est bien l’ouverture au monde qui distingue l’établissement. « Grâce aux choix stratégiques de notre gouvernance, nous avons atteint une taille critique qui nous permet de nous positionner comme une école globale de référence en matière de recherche, de développement international géostratégique ou de formation continue avec notre Executive MBA, classé 14e d’Europe et 27e du monde », souligne Thomas Froehlicher, directeur de la Kedge Business School de Marseille (lire interview). Laissons donc de côté le chant des cigales, l’odeur de la pinède ou celle du laurier-tin.
Le centre stratégique de la communauté des « Kedgers », c’est le Hub, un espace de vie, un lieu partagé ultratechnologique de 1 200 m2 qui reflète parfaitement la pédagogie de l’école. Des murs tactiles, des écrans LCD, des tablettes et des ordinateurs tactiles, et des imprimantes 3D facilitent la création et le travail collaboratif. Cela fait quinze ans que Vincent Frey enseigne le leadership et la négociation à Kedge Marseille. Il conçoit et anime aussi des formations sur mesure pour des cadres et des dirigeants suivant un MBA. « Après une carrière de directeur commercial dans une grande entreprise, le goût de la pédagogie l’a emporté », explique-t-il. Le numérique est au centre de la communauté Kedge Business School. Un campus virtuel permet même de renforcer l’enseignement à distance dans le cadre de la formation initiale et des programmes de MBA, tandis qu’un réseau social interne de Kedgers favorise les contacts entre les professeurs, les étudiants, les collaborateurs et les entreprises partenaires. « L’un des objectifs pédagogiques est d’harmoniser les enseignements entre les différents campus en croisant les savoirs », précise Vincent Frey.
Une école de l’humain et du bien-être
Autre grand trait de la philosophie de l’école : l’humain et la promotion du bien-être. « L’importance accordée à la santé des étudiants, au sentiment de bien-être intime que nous souhaitons pour eux, s’exprime à travers un dispositif d’accompagnement que nous appelons le Wellness », explique Thomas Froehlicher. Ce dispositif de soutien se concrétise par une forme d’aide psychologique dans les moments difficiles et les coups durs que peuvent vivre les étudiants. L’idée étant d’éviter que ceux qui se sentent fragilisés se retrouvent seuls. Le but est également pédagogique : parvenir au bon développement de la performance individuelle. C’est ce côté humain et collectif qui a plu à Clément Gumilar, 22 ans, étudiant en fin d’année de Master 1. « Ce qui nous soude, ce sont les événements fédérateurs organisés pendant l’année. A Marseille, nous comptons plus de 25 associations et près de 70 projets étudiants. J’ai intégré Clepsydre, la tribune étudiante du campus marseillais. J’ai aussi rejoint le comité organisateur du challenge Ecricome, un tournoi sportif intercampus qui s’est imposé en vingt-cinq ans comme le 3e plus grand événement sportif étudiant de France ! » indique-t-il. Maître mot de cette intense activité : le projet concrétisé par ce que les Kedgers appellent le dispositif Pro-Act. « Chaque étudiant doit valider deux Projets Actions. Il peut faire ce qu’il veut, mais l’encadrement pédagogique définit comment bien le faire, commente Vincent Frey. Le suivi et le bilan doivent déterminer si le Projet Action a fonctionné et ce que l’étudiant en retient. C’est l’aspect pratique des fondamentaux et l’apprentissage par l’expérience qui dominent. » L’enseignant anime une expérience de confrontation à la diversité et à la complexité dans un contexte particulier. « Tous les deux ans, j’emmène 16 étudiants à New York pour assister à une simulation de l’assemblée de l’ONU, au cours de laquelle ils font valoir des propositions auprès des délégations d’autres pays formées par des étudiants venus du monde entier. »
L’objectif est d’exercer la capacité d’écoute des élèves et de stimuler leur habileté à argumenter dans la négociation et à témoigner de leur leadership. La Kedge Business School a lancé, il y a un an, une sorte de Toefl du développement durable : le « Sulitest », pour Sustainability Literacy Test, un questionnaire qui permet de mesurer la sensibilité des étudiants aux problématiques environnementales et sociales. D’autre part, l’école est également impliquée dans le projet à long terme d’une business nursery. Une antenne pour les professionnels a été implantée à la Joliette, près du Vieux-Port de Marseille. Autant d’initiatives susceptibles d’apporter les avantages adaptés à une carrière internationale. « L’employabilité des diplômés est un indicateur de performance prioritaire », précise Vincent Frey. Kedge, qui a créé le premier MBA en Chine, a développé, sur les douze dernières années, une stratégie volontariste. L’ambition est affichée : être l’école-étape de référence pour préparer les cadres prêts à s’aventurer sur la nouvelle Route de la soie entre la Chine et l’Afrique.
L'identité Kedge
A sa naissance, en 1872, elle s’appelle Ecole supérieure de commerce de Marseille-Provence. Puis, en 2008, elle devient Euromed Management. Enfin, à la faveur d’une fusion avec Bordeaux Ecole de Management (BEM), en 2013, l’école prend le nom de Kedge, mot anglais désignant une ancre à jet, qui permet de haler un navire. Outre sa cousine bordelaise, la Kedge Business School possède aussi un campus à Toulon, ainsi qu’un site plus modeste à Avignon. Des antennes existent également à Bayonne et à Paris, qui est en plein décollage. Sans oublier l’international, avec une présence à Suzhou, en Chine, et à Dakar, au Sénégal. « Kedge BS » est aujourd’hui la business-school qui intègre le plus grand nombre d’étudiants. En chiffres, cela donne, après plus de 140 années d’histoire, un effectif de 8 500 étudiants, dont 30 % d’étrangers, un réseau de 30 000 « alumni » diplômés et 160 professeurs, dont 40 % d’internationaux. Avec 3 places de gagnées au classement européen du Financial Times 2014, soit la meilleure performance des écoles françaises en 2014, la Kedge Business School prend la 29e place et entre ainsi dans le top 30 des meilleures business-schools. Son ambition ? Intégrer le top 15 européen d’ici à cinq ans. Le coût des études tourne autour de 11 000 €, 95 % des étudiants sont recrutés dès leur sortie de l’école et 99 %… dans les six mois ! Trois ans après avoir quitté l’école, leur salaire annuel oscille entre 40 000 et 59 000 €.
3 questions à Thomas Froehlicher
The Good Life : Quels sont les principes actifs des enseignements ?
Thomas Froehlicher : Depuis que Kedge Marseille existe, elle s’est nourrie de l’aventure des colonies et de l’exploration lointaine. Nous pensons que le lien Asie-Afrique va se développer. Les activités sur les marchés émergents intéressent nos enseignements. La vitalité du port de Marseille ne demande qu’à se réactiver, et la métropole est en pleine transformation. L’esprit aventurier est très présent dans cette ville des diasporas, arménienne, mauricienne, maghrébine… La Chine est également un horizon. Un programme en mandarin est d’ailleurs dispensé, avec une dernière année passée en Chine. Nous parlons de « nouvelle Route de la soie ». La Chine, l’Afrique… c’est le monde de demain !
TGL : Sur quelles priorités votre engagement vous différencie-t-il d’autres écoles de management ?
T. F. : La responsabilité sociale des entreprises (RSE) est un engagement omniprésent dans l’école. La diversité, l’éthique et l’hybridation sont des valeurs auxquelles nous sommes attachés. Notre offre pédagogique favorise la mixité, l’égalité homme-femme et l’entrepreneuriat des jeunes des quartiers. Des programmes d’accès sont développés pour ceux qui disposent de revenus modestes. Encourager les pratiques responsables et stimuler l’engagement sociétal font partie de nos priorités. Nos indicateurs de performance sont tous liés au développement durable ; c’est un enjeu majeur pour notre école.
TGL : Quelle est la signification du triptyque « create-share-care » dont vous faites votre manifeste ?
T. F. : C’est la marque de fabrique de Kedge. Le réseau est entièrement dédié à la créativité, « create ». Il s’agit d’inventer de nouveaux modes d’apprentissage et de développement des compétences via les innovations pédagogiques. Le « share » se décline dans la volonté de connecter des communautés à travers le monde, dans la diversité des talents, avec pour objectifs le partage des savoirs, des pratiques et des idées, et des solutions apportées par chacun. Enfin, avec le « care », l’école se distingue par un enseignement respectueux du bien-être. Dans notre ADN sont inscrits l’éthique et l’humain.